Dans la multitude de publications portant sur la crise écologique, je fais une place particulière à l’ouvrage du philosophe Pierre Charbonnier, Abondance et liberté, Une histoire environnementale des idées politiques (La Découverte, 2020). Un ouvrage d’une très grande densité, qui demande donc une attention soutenue, mais dont le lecteur sort enrichi de réflexions approfondies. Il ne répète pas ce que tout le monde connaît maintenant, des dégradations environnementales au réchauffement du climat, mais, dans les pas des anthropologues et philosophes comme Claude Lévi-Straus, Philippe Descola ou Bruno Latour, il propose une problématique susceptible de bousculer bien des croyances ancrées, aussi bien du côté des écologistes patentés que de leurs contempteurs. « Plutôt que l’histoire brève et continue de la prise de conscience environnementale, on écrira donc l’histoire longue et pleine de ruptures des rapports entre la pensée politique et les formes de subsistance, de territorialité et de connaissance écologique. » (p. 30).