Face au massacre opéré par Daesh, c’est d’abord la sidération qui l’emporte. Les mots, quel que soit le sentiment qu’ils expriment - condamnation, écœurement, solidarité, recueillement –, semblent toujours en deçà de l’événement lui-même. Le premier réflexe est celui de serrer les rangs. Face à une agression intolérable, l’unité nationale semble s’imposer. « Nous sommes en guerre » nous répètent à satiété la plupart des responsables politiques. Et à la guerre, tout est permis pour gagner. Dans cette surenchère belliqueuse, la palme revient à Laurent Wauquiez qui veut tout simplement en finir avec l’État de droit en proposant d’interner tous ceux que les services de renseignements peuvent soupçonner de terrorisme. La proclamation de l’état d’urgence participe de cette logique. Outre que la suspicion de délit de terrorisme permet aujourd’hui d’appliquer la plupart des mesures coercitives qui y sont attachées, on voit mal comment elles pourraient empêcher un fanatique de se faire sauter dans un lieu public.