Victoire en demi teinte : les 13 activistes du Bourget en partie relaxé·es

vendredi 20 juin 2025, par Attac France

Le combat contre les criminels climatiques continue !
Ce vendredi 20 juin, le délibéré du procès des 13 militant·es d’Extinction Rebellion et d’Attac a enfin été rendu. Ils et elles étaient poursuivi·es pour une action menée en septembre 2023 contre les jets privés à l’aéroport du Bourget. Présenté·es devant la 16e chambre du tribunal judiciaire de Bobigny, ils et elles étaient accusé·es d’intrusion en réunion sur une zone aéroportuaire, de dégradations, d’entrave à la circulation d’un aéronef et de refus de prélèvement biologique.

Le tribunal les a relaxé·es pour deux des délits mais condamné·es à une interdiction de paraître sur zone aéroportuaire d’Île-de-France pendant 2 ans et au remboursement de 5000€ de frais juridiques d’Aéroport de Paris.

Un procès révélateur d’une stratégie de répression politique

Après un premier renvoi en octobre dernier, et malgré la promesse d’une audience spécifiquement consacrée à leur affaire, les 13 prévenu·es, leurs avocat·es et leurs témoins ont dû attendre plus de quatre heures avant l’ouverture du procès le vendredi 23 mai. Ce déroulé chaotique, à l’image de la récente dissolution de la Jeune Garde ou des menaces pesant sur Urgence Palestine, illustre une forme de harcèlement judiciaire à l’encontre des mouvements progressistes et de leurs militant·es. À l’issue de l’audience, la procureure avait requis une amende de 2 000 euros par personne, soit un total de 26 000 euros et l’interdiction de paraître sur la zone aéroportuaire du Bourget pendant deux ans.

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Quand prendre la parole devient un délit

Parmi les personnes accusées figure Lou Chesné, porte-parole d’Attac. C’est la première fois qu’une personne est poursuivie pour avoir simplement pris la parole au nom de l’association, dans le cadre de sa liberté d’expression.
« 24 heures de garde à vue et un procès pour avoir dit quelques phrases sur l’impact écocidaire du mode de vie des ultra-riches, soutenu par des niches fiscales : c’est une atteinte manifeste et choquante à la liberté d’expression », s’indigne Lou Chesné.

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« La dernière fois, on nous a dit que ce n’était pas la bonne manière d’agir… Alors, on a tout essayé. En vain », a-t-elle ajouté.

L’urgence climatique au cœur du procès

Trois témoins sont venus rappeler le contexte d’urgence climatique et sociale dans lequel cette action s’inscrivait :

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« Tout en haut, on a une élite dont le mode de vie promeut un modèle ostentatoire et destructeur. » signale Hervé Kempf, auteur de Comment les riches ravagent la planète.

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Julie Deshayes, océanographe et climatologue est intervenue quant à elle pour « alerter sur le dérèglement climatique et ses conséquences. »

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Enfin, Graeme Hayes, sociologue, a soutenu que « l’Histoire nous montre que la désobéissance civile ne s’oppose pas à la démocratie : elle la conforte ».

Une relaxe partielle accompagnée d’une interdiction de paraître dans les aéroports d’Île-de-France

Tout d’abord, dans son délibéré, en relaxant les prévenu·es sur les délits de refus de prélèvement de l’ADN et de délit d’entrave à la circulation d’un aéronef, le tribunal n’a pas suivi les réquisitions de la procureure. L’absence de condamnation sur ces délits va dans le sens d’une légitimation de notre action. En effet, la désobéissance civile est totalement proportionnée par rapport à la crise écologique et les inégalités sociales sans précédent que nous vivons actuellement.

Cependant, sur le délit d’intrusion en réunion sur une zone aéroportuaire et de dégradations, le tribunal est allé au-delà des réquisitions de la procureure en les condamnant à une interdiction de paraître sur zone aéroportuaire dans toute l’Île-de-France pendant 2 ans et pas seulement à l’aéroport du Bourget. Cette interdiction dénote une peur que d’autres actions légitimes soient organisées sur d’autres aéroports.

Aéroport de Paris (ADP) a décidé de manière politique de poursuivre les militant·es, engageant 5000€ de frais juridiques, et le tribunal exige que cette somme soit remboursée par les prévenu·es. ADP aurait pu faire le choix de ne pas se porter partie civile comme faire le choix d’arrêter les vols en jets privés. Nous refusons donc de payer pour leurs frais juridiques et faisons appel, considérant que cela fait partie d’une stratégie d’usure financière des mouvements écologistes.

C’est donc une victoire en demi-teinte.

Nous continuerons à dénoncer les criminels climatiques

Attac se mobilise depuis des années pour la fin des vols en jets privés et pour dénoncer les criminels climatiques. Les ultra-riches incarnent un mode de vie destructeur qui précipite la planète dans le chaos, tout en refusant de contribuer au bien commun. Jets privés, yachts : ces symboles d’un luxe climaticide doivent être parmi les premiers à disparaître si l’on veut engager une véritable bifurcation écologique.

Notre combat est légitime, et la répression ne nous fera pas taire. L’urgence d’agir ne cesse de croître, et Attac continuera de se mobiliser dans les mois à venir.

P.-S.

Crédit dessin : Guy Lebesnerais

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