C’est donc fait. À l’écart de la ville de Calais, sur un terrain insalubre adossé à la rocade d’autoroute qui conduit d’un côté au port des ferries et de l’autre à la zone d’embarquement du tunnel sous la Manche, dans le voisinage immédiat des terrains pollués de l’entreprise de produits chimiques Tioxide, le Premier ministre, Manuel Valls, a fait entasser un centaine de conteneurs de métal blanc. Avec des points d’eau et des toilettes extérieurs, sans cuisine, cet ensemble cellulaire de 125 boîtes en alu est destiné à « accueillir », dans des chambres à douze couchettes superposées, 1500 parmi les 6000 à 7000 exilées et exilés qui tentent désespérément de gagner l’Angleterre. Entouré d’une barrière métallique et placé sous la haute surveillance de la police, ce « centre d’accueil provisoire » (CAP) est inaccessible aux associatifs ; il n’est autre qu’un camp de concentration moderne, aseptisé, dont on peut sortir, certes, ne serait-ce que pour se nourrir ou être expulsé.