Ce 24 février à 18h30, plus d’une centaine d’activistes d’Attac ont déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel LVMH. On pouvait y lire « Tax the Rich », en référence à l’enrichissement indécent des milliardaires avec la complicité du gouvernement, à l’heure où une grande partie de la population vit des fins de mois difficiles du fait de l’inflation. Une situation aggravée par l’austérité imposée par le gouvernement et qui va être renforcée suite aux récentes annonces de restrictions budgétaires de Bruno Le Maire.
Cette action qui porte un message d’intérêt général et qui rappelle que les plus riches doivent être mis à contribution par la fiscalité a été largement saluée par le public présent. Sans dégradation et sans violence, elle a pourtant fait l’objet d’une répression disproportionnée : le rassemblement devant l’hôtel Vuitton a été nassé par la police avec un contrôle d’identité général, et 3 activistes ont été interpelés. Leur garde à vue a été prolongée dimanche, portant ainsi à 48h la durée de leur détention pour une action pourtant symbolique.
Un des militants a été déféré le lundi 26 février au soir, subissant ainsi une troisième nuit de privation de liberté, pour une comparution immédiate, et devrait être poursuivi pour « dégradation d’une chaîne appartenant à Louis Vuitton ». Outre l’inanité du motif, ces intimidations constituent une atteinte grave à la liberté d’expression et à la liberté de manifestation. Il s’agit d’un nouveau cas d’instrumentalisation des gardes à vue à des fins de criminalisation de l’action associative et syndicale.
L’appareil répressif se met une nouvelle fois au service des ultra-riches, en l’occurrence ici de Bernard Arnault, pour faire taire toute contestation. Une forme de répression politique que de trop nombreux militant·es pour la justice sociale et écologique subissent de façon récurrente.
Lou Chesné, porte-parole d’Attac France, et présente lors du rassemblement de soutien des trois activistes devant le commissariat du 8e arrondissement hier soir : « Cette répression aurait pu être risible si elle ne portait pas en réalité une atteinte si grave aux libertés publiques. Mais ces intimidations ne nous empêcheront pas de continuer à nous mobiliser ! »
Deux des activistes ont été libérés mais le 3e est déféré, il va donc passer au moins 60 heures privé de liberté pour avoir réclamé la justice fiscale.
Cette répression politique sans motif valable est complètement injustifiée.
Nous vous tiendrons au courant pour la suite. pic.twitter.com/EmGLdnvXhS
— Attac France (@attac_fr) February 26, 2024
Eléments de contexte
Suite à des actions menées en décembre 2018 pour dénoncer l’évasion fiscale dans un Apple Store, la multinationale avait assigné Attac en référé devant le tribunal de grande instance de Paris pour empêcher toute future action d’Attac dans ses magasins.
Le jugement du tribunal qui avait débouté Apple est limpide : « La simple pénétration de militants dans l’enceinte du magasin Apple Store Opéra, ou dans d’autres magasins situés en France, sans violence, sans dégradation, et sans blocage de l’accès du magasin à la clientèle, ne suffit pas à caractériser un dommage imminent justifiant de limiter le droit à la liberté d’expression et à la liberté de manifestation des militants de l’association Attac, qui agissaient conformément aux statuts de l’association, et dans le cadre d’une campagne d’intérêt général sur le paiement des impôts et l’évasion fiscale. »