La 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30), qui se tiendra à Belém (Brésil) du 10 au 21 novembre 2025, intervient à un moment critique. Dix ans après l’Accord de Paris, les engagements des États restent dérisoires : même si 15 pays du G20 ont finalement soumis leur nouveau plan climat à quelques jours de la COP, les engagements politiques et financiers ne sont toujours pas à la hauteur. Pourtant ces nations sont responsables de plus de 80 % des émissions mondiales. Cette inaction nous conduit vers un réchauffement d’environ +3 °C, un désastre annoncé.
À Belém, aux portes de l’Amazonie, Attac France portera avec ses partenaires internationaux un message clair, énoncé par les peuples autochtones : « la réponse, c’est nous ! ». Cette COP ne doit pas être celle du « capitalisme vert », des fausses solutions ou du greenwashing d’État.
Derrière les mécanismes comme le TFFF (Tropical Forest Forever Facility) de Lula ou la promotion des agrocarburants et de l’intelligence artificielle prétendument « vertes », se cachent la financiarisation du vivant, l’extractivisme et un nouveau néocolonialisme climatique. Quant aux annonces de l’UE sur les crédits carbone internationaux (achat de « quotas » de baisse d’émissions de gaz à effet de serre en finançant des projets de décarbonation en dehors de l’Europe), elles relèvent du plus pur cynisme.
Transformer le système
Attac dénonce notamment dans une note les fausses solutions fondées sur le marché, la financiarisation et l’illusion technologique : elles prolongent le système destructeur au lieu de le transformer.
Nous exigeons
- Une redistribution radicale des richesses, par la taxation des riches, des multinationales et du capital spéculatif, afin de financer les biens communs et une bifurcation écologique juste et populaire.
- Des engagements ambitieux de financement, sous forme de dons (et non de prêts) non conditionnés : a minima 1 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, puis 1 300 milliards d’ici à 2035, pour que les pays riches, qui sont responsables du dérèglement climatique, contribuent aux besoins des pays les plus pauvres et les plus impactés pour y faire face.
- L’annulation des dettes illégitimes et la reconnaissance de la dette climatique des pays du Nord envers le Sud.
- L’instauration d’une responsabilité juridique contraignante pour les multinationales, y compris sur les crimes écologiques et sociaux commis par leurs filiales, sous-traitants et chaînes d’approvisionnement mondiales.
- La fin de l’ingérence des intérêts privés et la participation des industries complices, notamment les lobbies de l’industrie fossile, dans les institutions publiques et multilatérales.
- Le rejet des accords de libre-échange comme UE-Mercosur qui accélèrent la déforestation, aggravent la crise climatique, détruisent l’agriculture paysanne et affaiblissent la souveraineté démocratique au profit des intérêts économiques.
- La protection des droits et de la sécurité des peuples autochtones, premiers gardiens de la biodiversité, des lanceurs d’alertes, et des militantes qui, partout, se battent pour la dignité humaine et la planète.
- La fin de tout soutien financier ou aides publiques aux entreprises développant de nouveaux projets de bombes climatiques.
Ces revendications ne sont pas des mesures isolées. Elles forment un tout : une stratégie de rupture avec la domination du capital sur nos existences, nos écosystèmes et nos institutions. Pour sortir du chaos climatique, il faut rompre avec le pouvoir de ceux qui en vivent, et reconstruire un ordre économique fondé sur la coopération, la justice globale et la souveraineté populaire.
Une délégation d’Attac à Belém
Une délégation d’Attac France sera présente à Belém aux côtés d’organisations du monde entier, à la COP officielle, mais surtout dans les nombreux sommets alternatifs qui auront lieu dans la ville, comme le Sommet des Peuples. Ces espaces citoyens et internationalistes seront la véritable tribune des solutions concrètes et de la solidarité entre les peuples. C’est là que s’affirmeront les voix de celles et ceux qui refusent que la planète et nos corps soient livrés au profit.
Face à l’inaction des gouvernements et à la mainmise des multinationales et des lobbies sur les COP, nous affirmons notre détermination à changer le système, pas le climat, et notre volonté à agir ensemble pour reprendre le pouvoir sur nos vies. Partout, des peuples s’organisent, construisent des alternatives, reprennent le contrôle de leurs ressources et de leurs territoires. C’est ce mouvement planétaire, multiple et vivant, que nous souhaitons participer à faire grandir à Belém.

