Avis historique de la Cour internationale de justice : une avancée majeure pour la justice climatique et les peuples !

lundi 28 juillet 2025, par Attac France

Ce 23 juillet 2025, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un avis consultatif unanime d’une portée historique, à la suite de l’initiative du peuple du Vanuatu visant à clarifier les obligations des États en matière de protection du climat et les conséquences juridiques de leur inaction face à la crise climatique.

Elle affirme que les États ont l’obligation juridique de protéger le climat et l’environnement, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de prévenir les dommages climatiques et de coopérer de bonne foi. Mieux encore, la CIJ reconnaît explicitement que ces obligations s’imposent en vertu du droit international coutumier, des droits humains et du droit de la mer. Cet avis constitue une reconnaissance sans précédent des responsabilités différenciées des États et du principe de justice climatique.

Attac France salue cette décision qui valide juridiquement ce que les mouvements pour la justice climatique dénoncent depuis des décennies : les États les plus riches et les grandes entreprises transnationales ont une responsabilité historique dans la crise climatique et environnementale. Ces puissances ne peuvent plus se cacher derrière des engagements flous ou des promesses non tenues : le droit les oblige désormais à agir.
Cet avis conforte les revendications portées entre autre dans une de nos notes sur la justice climatique et la dette écologique, nos actions, campagnes contre les criminels climatiques.

Les peuples du Sud global sont les premières victimes des effets du dérèglement climatique, alors même qu’ils en sont les moins responsables. La CIJ reconnaît leur droit à obtenir réparation, et place la coopération internationale, le respect des droits humains, et la solidarité mondiale au cœur des obligations climatiques.
Cette crise ne concerne pas uniquement les pays du Sud. Le dérèglement climatique frappe partout, y compris dans les pays du Nord et les pays des océans : inondations, montée des eaux, canicules, sécheresses d’une intensité inédite, disparition des mangroves, feux de forêt ainsi qu’une déforestation massive, y compris en Europe. La planète brûle, les écosystèmes s’effondrent, et les plus vulnérables — où qu’ils vivent — en paient le prix fort.

La racine de cette crise est connue : un système économique néocolonial, fondé sur l’extractivisme, l’accaparement des terres, le pillage des ressources naturelles, et l’exploitation des peuples au service des profits (La RDC, 30 ans de conflit armé, 30 ans de crime de guerre, 30 ans de trop !). Le modèle de développement imposé par les pays du Nord, par leurs multinationales et leurs institutions financières, détruit le vivant et viole les droits des générations présentes et futures. Il ne s’agit plus d’une simple question morale : l’inaction climatique est désormais un acte illicite en droit international. Les États qui ne prennent pas les mesures nécessaires pourront être tenus responsables et sanctionnés.

Cette avancée intervient dans un contexte inquiétant de montée des climatosceptiques, de l’extrême droite et du déni climatique promu par des figures comme Donald Trump, qui refusent toute responsabilité et sabotent les efforts multilatéraux.
Dans plusieurs pays, y compris en Europe, la réponse des gouvernements face aux alertes scientifiques et aux mobilisations écologistes se traduit par une répression accrue : surveillance, criminalisation des activistes, violences policières et campagnes de désinformation (Victoire en demi teinte : les 13 activistes du Bourget en partie relaxé·es).
Ces dérives autoritaires doivent cesser : défendre le climat et lutter contre les grands projets inutiles ne sont pas des crimes, c’est un devoir !

Cette décision ouvre des perspectives majeures pour les luttes sociales, écologiques et juridiques, notamment en matière de :

Dette climatique : la reconnaissance des responsabilités historiques implique la réparation de la dette écologique contractée par les pays du Nord à l’encontre des pays du Sud.

Transferts de technologie, financement et adaptation : les obligations de coopération incluent les transferts financiers et technologiques, sans conditionnalité néocoloniale.

Droit à la vie, à la santé, à l’eau et à un environnement sain : la CIJ entérine le lien entre climat et droits fondamentaux, en particulier ceux des populations les plus vulnérables.

Responsabilité différenciée mais commune : les États doivent agir en fonction de leurs capacités respectives, ce qui renforce l’exigence de justice sociale et climatique

Attac continuera avec ses partenaires à poursuivre les mobilisations ; afin que le gouvernement français et les États du Nord respectent leurs obligations internationales à annuler la dette illégitime des pays appauvris, financent sans délai l’adaptation et la transition écologique dans le Sud, et que cessent les politiques commerciales et extractivistes climaticides.

Dans ce contexte, le devoir de vigilance des multinationales, arraché par les luttes syndicales, sociales et écologistes, doit être non seulement maintenu mais renforcé. Il constitue un levier indispensable pour contraindre les entreprises à rendre des comptes sur les atteintes aux droits humains et à l’environnement tout au long de leurs chaînes de valeur mondialisées. Nous dénonçons fermement les attaques en cours, notamment via la directive “Omnibus” au niveau européen, qui vise à affaiblir les obligations juridiques des grandes entreprises. Cette tentative de régression est inacceptable : elle va à l’encontre de l’avis de la CIJ et de la nécessité impérieuse de réguler les acteurs économiques responsables du chaos climatique (Le 17 juin, mobilisons-nous pour défendre et renforcer le devoir de vigilance européen !).

La décision de la CIJ ne doit pas rester symbolique. Elle est un appel puissant à transformer en profondeur le système économique mondial, à rompre avec les logiques de domination, et à reconnaître enfin le droit des peuples à un futur vivable.

L’année 2026 sera marquée par des rendez-vous majeurs pour le mouvement altermondialiste : la COP 30 au Brésil, l’Assemblée des peuples et le Forum social mondial sont autant d’espaces où les peuples du monde se réuniront pour construire des alternatives concrètes, populaires et décoloniales.
L’avis de la CIJ vient renforcer notre détermination à lutter pour la justice climatique, sociale et écologique. À Belém, à Cotonou, dans les villages comme dans les grandes villes : nous serons là, en lutte, en solidarité et en résistance.

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