Ce texte est une version remaniée de celui présenté au colloque « Penser l’écologie politique : sciences sociales et interdisciplinarité » Université Paris 7, janvier 2014. Il s’appuie sur J.-M. Harribey, La richesse, la valeur et l’inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, Paris, LLL, 2013.
Le paradoxe n’est pas mince : la plupart des économistes et, au-delà, la société presque unanime, réclament toujours plus de richesse à produire et consommer, toujours plus de valeur économique à se partager, mais peu s’interrogent sur ce que sont ces abstractions. L’objet du désir est fortement convoité, mais son analyse est refoulée. La mal nommée « science » économique a délibérément écarté tout questionnement qui aurait risqué de remettre en cause ses fondements méthodologiques.
Le moment est particulièrement opportun pour remettre au centre du débat théorique la première question de l’économie politique – l’origine et la mesure de la richesse et de la valeur dans la société – ainsi que sa critique, car le capitalisme aujourd’hui mondialisé plonge l’humanité dans une crise totalement inédite, par son ampleur, par sa durée et par sa multi-dimensionnalité.