De nombreuses revendications portées par Attac dans le cadre de la campagne "Un autre budget est vital" ont donné lieu à des amendements portés par les partis issus du Nouveau Front Populaire. Dans leur immense majorité, ils ont été rejetés en commission des Finances grâce à l’opposition du RN, qui a mêlé ses voix à celles des députés macronistes et LR pour empêcher toute mesure visant à mettre fin à l’injustice fiscale.
Pas touche aux cadeaux fiscaux en faveur des riches
Plusieurs amendements visent à revenir sur les cadeaux fiscaux faits par Macron aux plus riches en 2017, par le rétablissement de l’ISF et la suppression de la flat tax. Attac défend ces revendications : la transformation de l’ISF en IFI et la flat tax coûtent en effet un pognon de dingue, ont contribué à l’explosion des inégalités en faveur des plus riches et n’ont eu aucun effet sur l’investissement et l’emploi, comme l’ont montré quatre rapports du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital. Ces deux mesures avaient valu à Emmanuel Macron le surnom mérité de "Président des riches". Il est temps de rétablir un Impôt de Solidarité Sur la Fortune et de restaurer la progressivité de l’imposition des revenus financiers en supprimant la flat tax. Mais le RN a permis de rejeter ces amendements afin de ne surtout pas remettre en cause la politique injuste menée par Macron depuis 2017.
Pas touche au droit des ultra-riches à échapper à l’impôt
La taxe Zucman a été au centre des débats politiques ces derniers mois. L’impôt plancher sur les grandes fortunes, proposé par l’économiste Gabriel Zucman, permettrait de mettre fin à l’anomalie de notre système fiscal : les 0,1% les plus riches paient proportionnellement deux fois moins d’impôts que le reste de la population. Cette mesure est massivement soutenue par l’opinion publique car elle permettrait de rétablir l’égalité devant l’impôt. Mais c’était sans compter sur le RN, qui a ajouté ses voix à celles des macronistes et de LR pour permettre le maintien des privilèges fiscaux des ultra-riches.
Pas touche aux niches fiscales injustes
Dans sa note "Qui veut gagner des milliards ? En finir avec les niches fiscales injustes", Attac propose le plafonnement du crédit d’impôt services à la personne, qui profite aujourd’hui essentiellement aux plus aisés. Plusieurs amendements ont proposé d’y exclure « les loisirs des riches » ou d’en baisser le plafond : ils ont tous été rejetés par les macronistes, LR et le RN.
Attac propose également de plafonner le pacte Dutreil, afin de mieux taxer les super-héritages. Le pacte Dutreil permet des économies d’impôts considérables aux ultra-riches qui transmettent une holding familiale et contribue à la reconstitution d’une société de rentiers. Mais les députés RN ont voté contre tout changement concernant le pacte Dutreil, allant même jusqu’à affirmer que « C’est un dispositif qui fonctionne très bien ».
Pas touche à la baisse des impôts de production
Une récente note de l’Institut des Politiques Publiques a montré comment la baisse des impôts dits de production, notamment la CVAE, a coûté 10 milliards d’euros depuis 2021, a profité essentiellement aux grandes entreprises, mais n’a eu aucun effet sur le chiffre d’affaires des entreprises, l’investissement, l’emploi ou encore les exportations (un des objectifs de cette mesure étant d’améliorer la compétitivité des entreprises françaises). Il est donc logique de revenir sur cette baisse des impôts de production et c’est ce qu’ont proposé les député
es de gauche. Encore une fois, cela a été rejeté par une alliance macronistes-LR-RN. Le député RN Matthias Renault a même affirmé : « Au RN, on considère qu’il faut baisser les impôts des entreprises pour gagner de la compétitivité ». Il est frappant de voir à quel point les arguments du RN sont le copier-coller des arguments macronistes. Pire, le budget 2026 prévoit même une nouvelle baisse de ces impôts de production !Pas touche aux superprofits
Ces dernières années, la notion de superprofit s’est imposée dans le débat public pour désigner les profits exceptionnels des entreprises. Attac et de nombreuses organisations du mouvement social réclament une meilleure taxation de ces superprofits. Un amendement proposait une taxation accrue des profits exceptionnels du CAC 40, du secteur de l’énergie, ou encore de la finance. La gauche a voté pour, mais l’amendement a été rejeté par l’alliance RN-LR-macronistes.
L’alliance du capital et du fascisme contre la justice fiscale
Cette stratégie du RN de s’allier avec LR et les macronistes pour empêcher l’adoption de toute mesure de justice fiscale s’inscrit dans une stratégie plus large : rassurer le Medef et les marchés financiers, afin que les milieux d’affaires ne soient pas inquiets de la possible arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. En somme, le RN leur envoie ce message : "Ne vous inquiétez pas, si nous arrivons au pouvoir, nous mènerons la même politique pro-riches et pro-grandes entreprises que Macron, avec un agenda xénophobe et raciste."
Dans les années 1930, la bourgeoisie avait clairement choisi son camp : "Plutôt Hitler que le Front Populaire". Près d’un siècle plus tard, nous assistons à une alliance du capital et du fascisme pour maintenir coûte que coûte les privilèges fiscaux des ultra-riches : "Plutôt le RN que la justice fiscale".