Fiscalité, climat, emploi, pourquoi s’en prendre à Amazon ?

samedi 11 décembre 2021, par Attac France

Dans, cet article, on prend le temps de vous expliquer pourquoi il est nécessaire et urgent de s’opposer à Amazon et son monde.

Évasion fiscale : dans l’ADN de l’entreprise

Amazon communique de façon très lacunaire sur ses résultats. Sur son site officiel, il est difficile d’obtenir des détails : en 2019, « Les prélèvements obligatoires liés aux activités d’Amazon en France se sont élevés à plus de 420 millions d’euros (en 2018 : 250 millions d’euros), dont plus de 230 millions d’euros (en 2018 : 150 millions d’euros) correspondent à des prélèvements directs (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, impôts locaux, etc.). » Selon le magazine Capital, « Amazon a réalisé 44 milliards d’euros de ventes en 2020 en Europe. Et pourtant, la firme américaine n’a payé aucun impôt. Comment est-ce possible ? Tout simplement en s’appuyant sur sa filiale luxembourgeoise et en faisant apparaître une perte de 1,2 milliard d’euros sur ses comptes. » Certaines prestations, comme les commissions et les services de livraison facturés aux vendeurs tiers, sont facturées directement par les sociétés luxembourgeoises du groupe.

L’évasion fiscale d’Amazon en France (et en Europe) repose donc, d’une part sur la dissimulation de son chiffre d’affaires (prestations facturées par la filiale luxembourgeoise) et d’autre part, sur les prix de transfert, qui lui permettent d’afficher des pertes et ainsi de ne pas pas payer d’impôts sur les sociétés. Si on se fie à la comptabilité d’Amazon, chaque luxembourgeois consomme chaque année 92.000 € de produits Amazon ! En réalité, la multinationale y délocalise artificiellement ses revenus, ce qui lui permet d’échapper à l’impôt.

Amazon a également mis en place un circuit financier qui permet une fraude massive à la TVA sur sa place de marché. La multinationale ne reverse pas à l’État français la TVA perçue sur les ventes de ses vendeurs tiers. Même si elle demande à ses vendeurs tiers de reverser la TVA, le système mis en place ne leur permet pas de la reverser. C’est au moins un milliard d’euros qui ne rentre pas dans les caisses de l’État français.

Destruction d’emplois dans le commerce physique

L’argument de l’emploi est fréquemment invoqué par les dirigeants d’Amazon. Pourtant, l’impact d’Amazon sur l’emploi est négatif sur plusieurs aspects. Une étude récente [1] sur la situation dans plusieurs pays européens confirme que « pour le commerce non-alimentaire au sens large, si l’on établit le solde des créations/destructions pour les commerces de détail et de gros, la France a perdu plus de 80.000 emplois entre 2009 et 2018 » du fait du développement du e-commerce. L’étude démontre que ce sont les commerces de proximité qui sont les plus durement touchés : un emploi créé dans les entreprises de plus de 250 salariés via l’expansion du e-commerce entraîne la destruction de six emplois dans les entreprises de moins de 250 salariés ». « Les scénarios prospectifs prévoient entre 46.000 et 87.000 emplois détruits en France d’ici 2028 en fonction de la progression du e-commerce sur l’ensemble des secteurs étudiés (commerce de détail, de gros et 4 branches de services) ». Concernant les secteurs, les pertes d’emplois les plus importantes ont eu lieu dans celui de l’habillement.

Et les emplois créés par Amazon risquent eux-mêmes de disparaître avec la robotisation des centres. Par ailleurs, Amazon livre déjà un tiers des produits en France depuis l’étranger et a délocalisé en Pologne ses entrepôts d’Allemagne de l’Est pour livrer les consommateurs allemands en profitant du faible coût du travail dans le pays. 

Quand Amazon communique qu’en poursuivant la construction d’agences de "proximité", elle soutient 11.000 TPE et PME françaises, l’entreprise oublie de préciser que sur sa place de marché, seuls 4 à 8 % des entreprises sont françaises, alors qu’une petite moitié du total sont originaires d’Asie du Sud-Est et conduisent à la multiplication de transports maritimes ou aériens en provenance de Chine pour des produits existant en France, provoquant une pollution et des émissions de gaz à effet de serre majeurs.

Des conditions de travail rétrogrades

Un rapport publié en janvier 2021 [2], produit par le cabinet d’expertise indépendant Progexa pour le Comité social et économique central (CSEC) d’Amazon, dévoile ce que les dirigeants d’Amazon cachent : la réalité des conditions de travail dans les entrepôts : recours massifs aux intérimaires, fort absentéisme et turnover, nombreux accidents du travail, licenciements des travailleurs déclarés inaptes à force de travailler... L’emploi intérimaire représentait en 2019, 44 % de la main-d’œuvre totale d’Amazon, un chiffre grimpant à 64 % dans des fonctions particulièrement physiques, telles que la réception et l’expédition de la marchandise dans les entrepôts.

De plus, Amazon s’évertue à museler toute activité syndicale, particulièrement aux États-Unis mais aussi en Europe.

Impact climatique et environnemental

Sur la destruction des produits invendus mise en évidence en 2019 et qui se poursuit, les dirigeants contestent : "c’est uniquement lorsqu’il n’y a pas d’autre option que les produits sont envoyés au recyclage ou à l’incinération ou en décharge". Or, pour l’essentiel des produits provenant d’Asie du Sud-Est qui représentent une part considérable des ventes d’Amazon, le retour des invendus n’est pas rentable économiquement et les vendeurs tiers optent pour la destruction qui leur coûte moins cher. 

Amazon attaque le calcul des associations sur l’impact de son activité de stockage de données sur le climat. L’explication des écarts de chiffres avancés réside dans le fait que les associations ont inclus les émissions nécessaires à la fabrication des data centers d’Amazon et notamment à l’extraction des matériaux, et non à leur simple consommation électrique. Greenpeace USA dénonce l’opacité des données fournies par Amazon sur les émissions liées à son activité d’hébergement de données (ni la liste des sites ni leur consommation énergétique n’est fournie). Ils accusent Amazon d’avoir affiché des objectifs ambitieux qu’ils ne respectent pas, préférant ouvrir de nouveaux data centers dans des États américains ou des pays d’Asie au mix énergétique fortement carboné. Dans les données qu’elle publie, Amazon n’inclut pas non plus l’impact climatique du transport par avion de ses produits, en augmentation de 29% en 2019. Pourtant le fret aérien est 100 fois plus polluant que le fret maritime, 7 fois plus que le fret routier. Enfin et surtout, Amazon se dédouane de toute responsabilité sur les émissions liées à la fabrication des 15 milliards de produits vendus sur son site, chaque année. Mais leur « business model » repose sur la vente de ces produits. Si les émissions liées à leur fabrication, qui représentent plus de 80% des émissions du modèle Amazon, étaient inclues, le bilan carbone mondial de la multinationale pourrait même dépasser celui de la France !

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