Une enquête menée par un journaliste de Libération lui a permis d’être en contact régulier avec six chauffeurs issus de dépôts différents. Sur une période de trois semaines, la moitié lui a affirmé au moins une fois vouloir démissionner. Seul un l’a fait. Jérôme, livreur à Paris, a tenu cinq mois avant de quitter l’entreprise : « Je ne pouvais plus continuer, j’étais épuisé. Le rythme est infernal, il faut toujours être au moins à 200 % et c’est toujours de notre faute, quoi qu’il se passe. Maintenant, je vais prendre quelques jours pour me reposer et ensuite on verra », confie-t-il.
Ils disent livrer entre 80 et 180 colis selon les jours. « Parfois, ça peut dépasser les 200, 220 », constate un chef de dépôt. Un autre livreur de l’est de la France décrit aussi les pressions subies : « Amazon met en place un système de ce qu’ils appellent des "concessions". Une plainte d’un client pour un colis non reçu ou un mauvais comportement nous vaut une "concession". Au bout de dix ou douze, on est licenciés. »
Le problème, c’est que la livraison prônée par Amazon pousse les livreurs à déposer les paquets dans les boîtes aux lettres ou chez les voisins plutôt que de les remettre en main propre. Résultat, certains disparaissent et c’est la faute des chauffeurs. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à observer les milliers de plaintes quotidiennes à ce propos sur les réseaux sociaux.
Source :
- Dans la peau d’un forçat d’Amazon, Libération.fr