Pressions américaines et génocide en Palestine : il est temps de sanctionner Israël et de protéger le peuple palestinien

mardi 23 septembre 2025, par Attac France

Alors que l’ONU tente de relancer la reconnaissance de la Palestine, Israël intensifie son offensive à Gaza et les États-Unis multiplient les sanctions contre les Palestiniennes et leurs soutiens. Il est urgent de protéger les victimes, de défendre le droit international et d’imposer des sanctions concrètes contre Israël.

Malgré la tentative de relance de la solution à deux États, largement soutenue à l’ONU, Israël et les États-Unis, eux, redoublent de violence pour hâter la disparition de la Palestine, sur le terrain par le génocide, l’occupation et la colonisation, et au niveau international en sanctionnant toutes les instances de défense des Palestiniennes. Il est urgent de bloquer les sanctions américaines, de prendre des mesures de protection de ses victimes, et de prendre des sanctions contre Israël.

La tentative en cours de relancer la reconnaissance de la Palestine dans le bloc occidental [1], et de montrer l’isolement d’Israël et des États-Unis à l’ONU, ne peut avoir aucun effet si elle n’est pas accompagnée de sanctions impactantes, à cause d’un rapport de forces inégal. Sur le terrain, en Palestine, le gouvernement israélien redouble de violence, notamment avec la dernière offensive sur la ville de Gaza, qualifiée de carnage par l’ONU [2], et s’emploie à la mort ou au départ forcé [3] de toustes les Gazaouies, et à l’annexion totale de la Cisjordanie [4]. De leur côté, à l’international, les États-Unis ont enclenché un arsenal de sanctions contre les représentants actuels de la Palestine [5], les instances juridiques qui tentent de faire respecter le droit international et les droits des Palestiniennes [6], et contre les organisations des droits humains palestiniennes [7].

Les conséquences sont larges : aucune des personnes touchées ne peut plus aller aux États-Unis, ce qui veut dire que le siège de l’ONU à New York est hors d’atteinte. Les comptes bancaires des individus et des organisations mentionnées sont gelés, par exemple celui du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) ou ceux des associations de défense des droits humains, qui ne pourront plus recevoir de fonds ni payer leurs salariées, dont certaines survivent à Gaza en ce moment même. La décision américaine entraîne les banques non américaines à prendre les mêmes sanctions, à cause de la mainmise des institutions financières étasuniennes sur le traitement des transactions financières transfrontalières. Les services numériques basés aux États-Unis ne veulent pas non plus prendre le risque d’être sanctionnés à leur tour et leur ont donc coupé l’accès à leur service de messagerie, à leurs serveurs, à leurs sites internet [8]. Par extension, n’importe quel individu ou n’importe quelle organisation qui participera aux enquêtes de la CPI ou soutiendra les ONG palestiniennes visées court le risque de se retrouver impacté par les sanctions américaines.

Face aux sanctions américaines arbitraires qui détricotent le droit international, l’Union européenne dispose justement d’un « droit de blocage » [9] ou « de protection contre les effets de l’application extraterritoriale d’actes juridiques adoptés par un pays tiers », qu’elle peut décider de mettre en place [10] pour protéger les personnes et institutions impactées notamment par le blocage des banques. Face à la puissance étasunienne, les effets risquent cependant d’être limités.

Il faut également explorer des moyens de protéger efficacement la société civile palestinienne, la CPI et ceux qui coopèrent avec elle, contre les effets des sanctions actuelles et futures, notamment en adoptant des mesures de protection au niveau national [11].

Outre la nécessaire aide humanitaire, pour mettre fin au génocide, à la colonisation et à l’apartheid, il n’est donc que trop urgent de prendre des sanctions contre Israël. Il faut notamment résilier l’accord d’association UE-Israël [12]. Suite à l’offensive terrestre meurtrière de l’armée israélienne à Gaza-ville, la Commission européenne se décide enfin à proposer de timides pas en ce sens, et des sanctions de deux ministres d’extrême-droite du gouvernement de Netanyahou, qui risquent de ne pas entrer en vigueur à cause de la nécessité d’un vote à la majorité qualifiée ou à l’unanimité. Il faut également imposer des sanctions diplomatiques et économiques à Israël, y compris en interdisant nationalement aux entreprises complices [13] de continuer à soutenir une politique illégale de colonisation, et une économie de guerre génocidaire, en plus d’imposer un embargo total sur les armes. L’Espagne et la Belgique, elles, ont pris les devants [14].