La niche du RN : un piège grossier
Le RN a prévu plusieurs propositions de lois à l’ordre du jour qui emportent des votes qui montrent sa vraie nature : agir par opportunisme. Ces propositions portent sur différents sujets et constituent en réalité des pièges tendus aux groupes, quelles que soient leurs sensibilités. En effet, le RN tend un piège aux groupes de droite en proposant le retour des peines planchers et une plus grande facilité d’expulser les étranger·es qui représenteraient "une menace grave pour l’ordre public". Si l’association Attac est opposé à de telles mesures, elle n’est pas dupe de la tactique du RN qui ne repose que sur la récupération.
Quant au piège tendu aux groupes de gauche (mais aussi au mouvement syndical et social), il réside dans la proposition de loi concernant l’abrogation de la réforme des retraites imposée par Emmanuel Macron et son gouvernement.
Le RN joue grossièrement et en appelle à la conscience des élu·es du Nouveau Front Populaire. Or, en matière de cohérence, le RN n’a de leçon à donner à personne. Le RN s’est en effet opposé à l’abrogation de cette réforme dans le cadre du débat sur le Projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale. En réalité, il ne se soucie nullement de cette question. Seul l’intérêt tactique prévaut pour le RN, en attestent ses votes contre l’instauration d’un véritable impôt sur la fortune par exemple. Au-delà, le RN ne peut pas se réclamer d’une sensibilité sociale lorsqu’il défend par ailleurs des peines planchers et une facilitation des expulsions.
Les retraites et le RN, une histoire marquée par l’opportunisme
Lors de la campagne des élections présidentielles et législatives de 2022, le RN avait renoncé à la retraite à 60 ans pour mieux s’accommoder d’une retraite à 62 ans. En 2024, il a proposé l’abrogation de la réforme Macron pour finalement la renvoyer sine die suite au premier tour des élections législatives de juin 2024. Le RN s’était alors empressé de rassurer le patronat en revenant sur sa promesse d’abroger la réforme de 2023. Un renoncement remarqué par la presse, les quotidiens Le Monde et Le Figaro titrant respectivement « Jordan Bardella revient sur la promesse du RN d’abroger la réforme des retraites s’il parvient au pouvoir » et « Retraites : Jordan Bardella renvoie à plus tard une éventuelle abrogation de la réforme Macron ».
Nous devons constamment révéler les manœuvres du RN. En matière de retraites, comme sur les sujets sociaux, le RN varie selon son intérêt électoraliste et l’air du temps.
Fidèle à ses méthodes populistes et démagogues, Le RN n’a jamais appelé à manifester en 2023, mais il ne s’est évidemment pas gêné pour faire des déclarations médiatiques et tenter ainsi de récupérer la colère sociale. Son idéologie demeure solidement ancrée. Il est en effet beaucoup plus constant en matière de réduction des libertés publiques, d’immigration et de « tout sécuritaire ».
Le RN n’a aucune solution pour financer les retraites
La véritable cohérence serait d’abroger la réforme de 2023 dans le cadre du débat portant sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. En effet, Emmanuel Macron a voulu justifier sa réforme pour des raisons de financement. Abroger la réforme dans le cadre du débat sur le PLFSS a donc le mérite d’apporter une réponse à la question du financement, en revenant par exemple sur les « niches sociales » comme plusieurs travaux récents le proposent. Là réside la véritable cohérence d’une abrogation de la réforme des retraites.
Le 22 octobre en commission, au cours du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le RN a voté contre la proposition d’abroger la réforme des retraites au motif qu’il refusait une hausse des cotisations permettant de financer cette abrogation. Sans doute préfère-t-il la financer par davantage d’austérité, à moins qu’il n’ait aucune solution. La niche parlementaire du RN n’est donc qu’un piège grossier qui révèle la vraie nature du RN. Un sentiment largement confirmé au vu des positions du RN dans le cadre du débat budgétaire. L’alliance qu’il forme avec les députés macronistes et LR pour refuser toute mesure porteuse de davantage de justice fiscale montre que le RN n’a de social que le vernis et que celui-ci craque vite. Le RN reste donc bel et bien l’ennemi des classes populaires.