Aux inégalités intragénérationnelles, l’ajout d’une injustice intergénérationnelle ?

vendredi 13 décembre 2019, par Attac France

Le système de retraite par point n’annonce rien de réjouissant pour les "jeunes" générations plus exposées à la précarité de l’emploi. Un « système plus juste », vraiment ?

On le sait donc maintenant précisément, la retraite par point s’appliquera aux générations nées après 1975 et les nouvelles générations entrant sur le marché du travail cotiseront à ce système dès 2022.

Sont donc concernés par la retraite par points des générations qui sont entrées sur le marché du travail à compter du début des années 1990 et qui ont été confrontées à un certain nombre d’invariants économiques et sociaux :
- un taux de chômage global jamais durablement en-dessous de 8% ;
- un taux de chômage des 15-24 ans (presque) toujours durablement au-dessus de 15%, et le plus souvent au-dessus de 20% ;
- un taux de chômage des 15-24 ans presque toujours 2 à 3 fois supérieur au taux moyen, voire plus si l’on prend les plus de 50 ans en activité ;
- une précarité de l’emploi plus importante : si la précarité de l’emploi s’est fortement accrue, elle a le plus fortement augmenté pour les 15-24 ans, passant de 17% en 1982 à 54 % en 2018 ; CDD, intérim, stages, contrats aidés deviennent la norme pour les plus jeunes ; l’âge moyen du premier CDI est désormais autour de 30 ans ;

En bref, confrontées à la difficulté de trouver un emploi, ces générations trouvent des emplois plus précaires en moyenne, moins rémunérés. Les études montrent que cela génère un retard certain en matière de stabilité contractuelle et de niveau de rémunération moyen pour le restant de la trajectoire professionnelle.

En décidant de passer d’un régime de retraite qui calculait le niveau des pensions sur la base des meilleures années d’une carrière à un régime, par point, qui s’appuie sur toute la carrière, le gouvernement transforme cette précarité contractuelle et ces revenus moindres en un handicap certain au moment de la liquidation des droits.

Il le fait en affirmant que le régime par point tiendra compte des cotisations de toutes les (petites) périodes hachées de travail (boulots étudiants etc). Ce que ne fait pas le régime actuel qui ne les compte pas comme des trimestres valables. Mais il omet de préciser que ne retenir que les 10 ou 25 meilleurs années pour le calcul de la pension permettait justement de ne pas tenir compte de ces périodes hachées et donc de tirer vers le haut le niveau de la pension.

Aux puissantes inégalités intra-générationelles qu’il ne s’agit pas de minorer et que le projet de réforme par point va accroître de diverses manières, le gouvernement ajoute donc une inégalité intergénérationnelle non négligeable qui frappera durement celles et ceux qui ont de grandes difficultés à s’insérer dans l’emploi comme c’est le cas d’un nombre croissant de jeunes qui sortent du système éducatif tôt.

Voilà une contre-réforme des retraites qui va aggraver le clivage intergénérationnel qui, s’il n’est sans doute pas le clivage structurant de la société française, ne doit pas être minoré.

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