Mortalité double - Le virus et la loi

vendredi 24 avril 2020, par Attac Hongrie

Papier du 24 mars 2020 d’András Bruck, d’Attac Hongrie, sur la prise des pleins pouvoirs par Viktor Orban.

Lundi, devant le Parlement, le gouvernement va demander l’autorisation de faire tout ce qu’il peut à n’importe qui, aussi longtemps qu’il le peut, en matière d’épidémie. Le nom officiel de cette autorisation est le « projet de loi sur le coronavirus » et a été soumis au Parlement hier par la ministre de la Justice, Mme Varga, au nom du gouvernement. Le gouvernement appelle également toutes les forces parlementaires à soutenir la proposition.

La partie du peuple hongrois qui n’a pas complètement perdu tout discernement demande toutefois à ces partis de ne pas voter en faveur du projet de loi d’autorisation. Le gouvernement prétend ainsi être habilité, qu’il il n’y a rien qu’il ne pourrait réaliser, en d’autres termes, s’il l’en allait ainsi, le virus disparaîtrait dans les trente prochaines minutes en Hongrie. (L’armée, le seul rempart contre le virus, s’est déjà engagée dans une centaine d’entreprises nationales, et beaucoup d’autres suivront).

L’état d’urgence annoncé le 11 mars n’est valable que pour deux semaines, et le gouvernement veut le prolonger lundi, mais pas pour deux semaines ou un mois supplémentaires, mais pour une durée indéterminée. En outre, la proposition, qui devrait être votée lundi, « ne subordonne pas le champ d’application de la loi à l’existence effective de l’état d’urgence ».

Et puis quoi ? Eh bien, c’est ça. Elle restera en vigueur aussi longtemps que le gouvernement, le Premier ministre, le jugera bon. À la lumière des dix dernières années, il n’y a aucun doute quant aux résultats de ce match. Entre autres choses, en cas d’urgence, il n’y aurait pas d’élections intérimaires, et les journalistes pourraient être condamné.e.s à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison si le gouvernement considère que la découverte d’une véritable pénurie de masques « crée du désordre ou des troubles ». Il pense donc que la vérité contrarierait les gens. Mais bien sûr, les mensonges qui circulent 24 heures sur 24 dans les médias principaux constituent une défense efficace contre le virus.

Selon le chef de file du parti Fidesz, « l’opposition a compris que l’heure n’est pas au débat politique, mais qu’il faut passer à l’action car il s’agit de vies humaines ». Cependant, la partie déjà mentionnée du peuple hongrois a compris que ce n’était surtout pas le moment de dénoncer publiquement la dictature. Ils ont compris l’inexplicable absurdité de profiter de la paralysie physique, mentale et de l’immobilité forcée des gens pour combattre le virus afin de faire passer mine de rien une loi anti-nationale aussi diabolique.

Le chef du groupe Fidesz a également annoncé que si l’opposition ne votait pas la loi aux quatre cinquièmes lundi, le Parlement voterait quand même, huit jours plus tard, aux deux tiers.

La loi va donc certainement être votée, et Viktor Orbán se prépare exactement à ce genre de situation depuis 2010, pour transformer l’ordre juridique, sans compter la psyché de ses partisans. Cependant, l’opposition ne peut en aucun cas l’aider. Si elle le fait, elle ne mérite plus un seul vote de la part de la partie lucide du peuple hongrois.

P.-S.

Traduit du hongrois vers l’anglais par Matyas Benyik
Traduit de l’anglais vers le français par Alice Picard

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