Attac Autriche - Pour une gestion solidaire de la crise du Covid-19 !

vendredi 3 avril 2020, par Attac Autriche

La pandémie de Covid-19 change du tout au tout nos vies privée, professionnelle et économique. Son ampleur considérable et la succession rapide d’événements rend les prévisions à court et à moyen termes ainsi que la prise de recul difficiles.

Il est d’ores et déjà clair que la pandémie de Covid-19 pourrait devenir la crise sanitaire la plus grave mais aussi la crise économique la plus dure des dernières décennies. Des nombreux secteurs de l’économie sont à l’arrêt, tandis que dans le même temps, les revenus de nombreuses personnes baissent. Tout cela frappe un secteur financier hypertrophié sujet à la crise.

La pandémie de Covid-19 nous montre à quel point le capitalisme néolibéral est instable. La manière dont l’économie mondiale est organisée aujourd’hui, qu’il s’agisse du commerce international, des marchés financiers, de l’agriculture, des salaires ou du secteur hospitalier, transforme la pandémie en une grave crise sociale et économique.

Une nouvelle crise financière se profile

Des prix d’actifs en baisse, des investisseurs en proie à la panique – une nouvelle crise financière se profile. Mais la pandémie n’en est que le choc déclencheur, pas la cause. Attac a toujours dénoncé le fait que les États n’ont tiré aucune leçon de la crise financière de 2008/09. Au lieu de fermer le casino financier, des pans de plus en plus nombreux de l’économie ont été soumis à la logique du système financier – et c’est exactement ce qui se retourne maintenant contre nous.

Les États ont échoué à séparer les banques d’importance systémique et à les réguler de manière plus stricte, ainsi qu’à interdire les produits financiers spéculatifs. La taxe sur les transactions financières a par ailleurs été torpillée avec succès. Dans le même temps, le secteur non-régulé de la finance de l’ombre (shadow banking), tels que les hedge funds (fonds spéculatifs) et les sociétés financières numériques, s’est développé. Les liquidités bon marché que les banques centrales ont procuré aux banques depuis la crise financière contribuent à l’inflation des marchés boursiers et d’autres actifs et finissent dans les caisses des industries fossiles. Comme lors des crises passées, l’afflux non-régulé et le reflux soudain des flux de capitaux met désormais en péril des économies entières.

Le commerce international néolibéral – un modèle qui n’est pas à l’épreuve de la crise

Les critiques adressées par Attac aux logiques du commerce international actuel sont confirmées par la pandémie de Covid-19. Ces logiques accroissent les inégalités et la crise climatique et limitent les instruments d’intervention des États. La libéralisation du commerce mondialisé des biens et des produits agricoles ainsi que des marchés financiers signifie que la production de biens de première nécessité a été (dé)localisée dans certaines régions du monde et placée dans les mains d’un nombre toujours plus restreint d’entreprises. Les chaînes des valeur mondialisées mènent aujourd’hui à des goulots d’étranglement en matière d’approvisionnement indispensable à la production et la livraison de produits vitaux tels que les respirateurs, le matériel de protection et les médicaments.

Le tourisme de masse et l’hypermobilité des classes moyennes et supérieures globalisées doivent également faire l’objet d’un examen critique aujourd’hui plus que jamais. Ces phénomènes sont en partie responsables de la propagation rapide de la pandémie et sont socialement et écologiquement insoutenables.

Une gestion de la crise basée sur la solidarité ne doit faire aucun·e laissé·e pour compte

Les mesures prises contre la pandémie de Covid-19 mettent désormais en danger les moyens de subsistance de nombreuses personnes et révèlent combien les vies et les emplois de larges pans de la population sont précaires. Mais la crise nous montre également à quel point les activités les plus essentielles à notre société ont été négligées. Ce sont les personnels soignants, les personnels de la grande distribution, les enseignant·e·s, les personnels d’entretien, les travailleurs et travailleuses agricoles et beaucoup d’autres qui sont désormais importants. Ces métiers sont principalement occupés par des femmes et des exilé·e·s dans le cadre d’emplois précaires et parfois avec le statut d’auto-entrepreneur et ils sont souvent mal rémunérés et peu reconnus.

La situation est tout particulièrement dramatique dans le secteur hospitalier, qui a été surchargé et sous-doté. Les hôpitaux manquent de personnel soignant. La fermeture des frontières révèle la fragilité de l’organisation des soins 24 heures sur 24 – sur le dos des personnes qui nécessitent d’être soignées, des proches et des aidant·e·s.

La pandémie du Covid-19 révèle également à quel point le système de santé dans son ensemble est vulnérable du fait des politiques néolibérales. Ces dernières décennies, les dépenses de santé sont été réduites dans tous les pays européens, les complémentaires santé privées sont été encouragées et les hôpitaux ont été fermés, dans beaucoup d’endroits, la compression des coûts a prévalu sur la sécurité des soins, la qualité et l’humanité. La situation est particulièrement préoccupante dans le sud de l’Europe, où les systèmes de santé ont singulièrement souffert des coupes budgétaires et ont été mis sous pression par l’UE.

Et maintenant

Les mesures actuelles montrent que la prise de décision politique à grande échelle est possible. Les mesures prises jusqu’à maintenant par le gouvernement autrichien paraissent prendre en compte les dangers d’une crise profonde a priori. Mais qui sera sauvé, qui paiera pour tout cela ? Et après ? Est-ce que les inégalités entre riches et pauvres seront aggravées ou sera-t-il possible de s’engager sur le chemin d’une économie sociale-écologique ?

Une chose est certaine : notre économie et notre société ne seront plus les mêmes après la crise du coronavirus. Ne laissons pas le capitalisme néolibéral étendre encore son influence par la suite. Engageons-nous dès maintenant pour une politique qui rende possible une vie bonne pour tout·e·s.

Attac publiera d’autres analyses dans le semaines à venir et défendra des solutions concrètes. Dès maintenant et à long terme, nous devons :

  • Faire face à la crise sanitaire et économique de manière solidaire
  • Nous opposer aux forces autoritaires et nationalistes et mettre fin à la tragédie humanitaire aux frontières de l’UE.
  • Rompre avec les dogmes néolibéraux et promouvoir la transformation de notre économie de manière à rendre possible une vie bonne pour tout·e·s.

Prenons soin de nous. Prenons soin de chaque être humain. Soyons solidaires.

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