Lors du journal de France 2 du 20 heures du 9 mai 2023, un représentant d’Attac et une représentante de la CGT finances publiques étaient interrogé·es pour réagir au plan anti-fraude fiscale présenté le jour même par Gabriel Attal, ministre des comptes publics. L’intervention de la CGT était basée sur des données officielles issues des rapports d’activité de la DGFiP et de plusieurs travaux (Cour des comptes notamment). Quant à celle d’Attac, elle rappelait une évidence : toute sanction pour fraude fiscale n’est applicable, donc efficace, que si elle est juridiquement validée et si les moyens permettent d’engager une procédure et de la mener à son terme.
Un compte modestement baptisé « Médias citoyens » déplore ces interventions. Selon ce compte, France 2 a donné « Une fois de plus » la parole à « la gauche radicale ». Le compte estime par ailleurs que « présenter Attac comme une simple association d’experts en fiscalité relève d’une désinformation complète de la réalité et d’un déni du positionnement politique de cette association ». Le compte conclu à « un procédé de désinformation dont le but est de présenter une réalité détournée à des fins idéologiques ». Il demande que France télévision formule des excuses aux téléspectateurs. Rien que ça...
En réalité, la lecture de ses expressions le montre aisément, ce collectif est tout sauf neutre.
- Il estime ainsi l’édition du 13 heures de France télévision du 9 mai « de très bonne facture » puisqu’il parle « du défilé en Russie », du « discours de Poutine » et du « défilé du GUD à Paris ».
- La chasse à ce que ce collectif pense être « la gauche radicale » est régulièrement présente dans ses expressions. Sur la base d’une rhétorique très complotiste, il va même jusqu’à dénoncer dans un tweet du 5 mai des journalistes en les qualifiants de « néojournalistes, militant du Quotidien ».
- Le 1er mai, il dénonce une « stratégie de manipulation » de certaines émissions de France 5 (C dans l’air, C politique, C médiatique C ce soir).
- Le 30 avril le dénonce une « confiscation du débat démocratique par une poignée d’idéologues gauchistes parrainés par la direction des programmes de France télévision ».
On pourrait lister de nombreuses expressions du genre.
L’énoncé de ces expressions, la rhétorique, la ligne éditoriale oscillant entre maccarthysme de bas étage et complotisme et les cibles visées (toutes de gauche : syndicats, partis et personnalités politiques) montrent clairement que la neutralité qu’il exige des médias doit être orientée vers ses propres vues et qu’aucune autre opinion ne doit être formulée.
Ce qui différenciera toujours Attac de ce genre de collectif, c’est précisément l’honnêteté intellectuelle. Nous avons une orientation et nous ne en cachons pas dans le débat public. Nous faisons partie du mouvement social, lequel est indispensable dans une démocratie digne de ce nom. Cette orientation est publique et connue, elle est mise en œuvre sur la base de travaux qui s’appuient sur des expertises, sourcent ses chiffres (issus de rapports publics, ce qui est aisément vérifiable), exposent les modalités de travail et livrent une pédagogie avant de livrer une analyse dans le cadre des orientations de l’association.
À l’inverse, si ce collectif aime à dénoncer les uns, il répugne à livrer clairement ses positions. Une curieuse conception de l’information. On aura cependant bien compris que la tolérance et le sens du débat démocratique n’en sont pas les plus grandes qualités.