Démanteler le Pouvoir des Multinationales : nos vies valent plus que leurs profits.

Qu’on les considère comme actrices ou exécutrices des politiques impérialistes, colonialistes et capitalistes qui régissent l’ordre économique international,
les multinationales, les institutions financières et les banques tissent la toile sanglante de nombreuses crises que nous vivons aujourd’hui. N’ayant de comptes à rendre qu’aux actionnaires et aux fonds d’investissement (Blackrock, Vanguard) les sociétés transnationales et ceux qui les financent ont conduit le monde au bord de l’effondrement au nom du profit sans fin.

En France, des organisations dont Attac se battent contre des projets comme ceux de Total Energies, Danone ou encore BNP Paribas... Dénonçant les méfaits des multinationales, leur impact sur le changement climatique, et leur complicité dans de nombreux « terricides », les injustices sociales et atteintes à l’autodétermination des peuples. La solidarité internationale s’exprime aussi à travers des campagnes globales, des mobilisations de terrain et des actions juridiques contre leurs abus.

Le 20 octobre 2024 à Genève, dans la continuité de la Campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des multinationales aura lieu une Assemblée des Peuples, comprenant des mouvements sociaux, (dont Attac France) des syndicats, des peuples autochtones, des communautés affectées, et des milieux académiques. Elle sera l’occasion de s’organiser ensemble, d’élaborer des stratégies d’actions communes et de construire une solidarité entre différentes luttes autour du globe contre les multinationales.

I/ Une lutte urgente pour la Justice Globale

Depuis des décennies, qu’elles soient financières, extractivistes, agro-industrielles, logistique, pharmaceutiques ou manufacturières, les multinationales dominent l’économie mondiale, exploitent et pillent sans relâche les territoires, les travailleurs et les communautés partout dans le monde tout en déployant toutes leurs ruses et ressources pour s’assurer de ne payer d’impôts nulle part, refusant ainsi de contribuer au bien commun (services publics, biens publics mondiaux, les communs, etc). Aujourd’hui, tout en évitant largement l’impôt et en jouissant d’une impunité quasi totale, elles dominent non seulement les secteurs traditionnels, qu’elles démantèlent à leur profit, mais aussi les nouvelles industries de la technologie et des plateformes numériques, exacerbant la précarité du travail.

- Un système mondial au service des multinationales

Cette domination croissante des sociétés transnationales, s’appuie sur un système de prédation colonialiste et impérialiste et s’accompagne de la dégradation des capacités des États à protéger l’intérêt général et développer des services publics de qualité. Aidées par la finance internationale via des structures comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou le Fond Monétaire International (FMI), et par les accords de libre-échange, elles ont vu leur pouvoir grandir, tandis que les peuples et les gouvernements se trouvent de plus en plus impuissants face à leurs excès.

La montée en puissance des multinationales est soutenue par un cadre légal international conçu pour protéger leurs intérêts économiques au détriment des droits humains et environnementaux. À travers des mécanismes comme le Règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS) - présents dans de nombreux accords de libre-échange et accords internationaux d’investissement - ces entreprises peuvent attaquer des gouvernements en justice pour des politiques supposément discriminatoires ou qui affectent leurs profits. Par ce biais, des États, souvent du Sud, se voient contraints de payer des pénalités astronomiques ou d’abandonner des projets de réformes sociales ou écologiques.

- Une impunité quasiment sans faille

Les abus commis par les multinationales sans qu’elles ne soient vraiment inquiétées ne manquent pas : de la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh (1100 morts en 2013), aux destructions écologiques provoquées par Texaco-Chevron en Amazonie équatorienne (près de 650 000 barils de pétrole brut et plus de 16 milliards de gallons d’eaux résiduaires toxiques rejetés dans les rivières et les sols de la forêt entre 1964 et 1992), en passant par le massacre de Marikana en Afrique du Sud (34 mineurs grévistes tués et 70 blessés le 16 août 2012) et même les exactions perpétrées dans la région Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, dont elles peuvent être tenues pour responsables au vu des enjeux économiques qui les sous-tendent.

Enfin, comme le dénonce l’une de nos campagnes actuelles elles sont aussi au centre du génocide, colonisation, et apartheid du peuple palestinien. Ainsi, BNP Paribas est l’un des plus grands investisseurs européen dans les entreprises exportatrices d’armes à destination d’Israël et dans des entreprises impliquées dans les colonies illégales en Palestine. Les autres multinationales françaises ne sont d’ailleurs pas en reste.

De façon non exhaustive, Total Energies est impliquée dans de graves violations des droits humains et environnementaux, comme à travers son projet de pipeline EACOP en Ouganda et en Tanzanie, qui menace des écosystèmes fragiles et déplace des milliers de personnes. Lafarge, quant à elle, a été condamnée pour avoir financé des groupes armés en Syrie, notamment Daesh, afin de maintenir ses opérations dans une zone de guerre. Danone s’accapare l’eau des peuples, y compris lors de sécheresse, et pollue les océans avec ses bouteilles en plastique au Mexique (Bonafont), en Uruguay (Salus), en Indonésie (Aqua), ou même en France (Evian, Volvic). L’activité extractiviste d’Eramet et Imerys sont impliquées dans des scandales écologiques et humains en Argentine, au Chili, en Indonésie et en Kanaky.

- Lobby et influence, leur pouvoir au centre des institutions Européennes et Françaises.

Afin de maintenir leur assise et pouvoir économique, les lobbies de ces entreprises exercent une influence énorme sur les politiques publiques, notamment au sein de l’Union européenne (UE), où les multinationales jouissent d’un accès privilégié aux décideurs. Des rapports de nombreuses organisations révèlent l’ampleur de la capture des institutions européennes par les intérêts privés, permettant à ces multinationales de peser sur les réglementations environnementales, fiscales et financières.

C’est aussi le cas sur la législation française. Que cela soit Veolia et Suez sur la gestion privée de l’eau ou Monsanto (aujourd’hui Bayer-Monsanto), qui a tenu illégalement un fichier de contacts dans le but d’influencer le débat public sur l’interdiction du glyphosate, les preuves sont nombreuses sur les tentatives d’influence des multinationales auprès du gouvernement français. Comment oublier le scandale récent des Uber Files, révélé en juillet 2022, qui a exposé les liens étroits entre Uber et plusieurs personnalités politiques, dont l’actuel président Emmanuel Macron ?

II/ Pour riposter, une société civile unie !

Face à ce pouvoir grandissant des multinationales, une société civile unie s’organise et se mobilise pour défendre les droits humains, l’environnement et la souveraineté des peuples. Partout dans le monde les projets destructeurs des multinationales ont dû faire face à une résistance locale, nationale voire internationale. Ces luttes sont une réponse claire des peuples et montre le rejet radical de ces transformations économiques qui renforcent le pouvoir démesuré des entreprises transnationales dans le monde.

- Une campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des multinationales

Les Forums Sociaux Mondiaux, ont permis aux mouvements de résistance populaire, souvent réprimés et marginalisés, et aux luttes globales de se rencontrer et d’échanger et d’envisager une contre-attaque. C’est ainsi qu’il y a 12 ans, avec entre autre l’appui d’Attac France, la Campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des multinationales a vu le jour pour mener ce combat. Aujourd’hui cette initiative prend la forme d’un réseau de plus de 250 mouvements sociaux, associations de la société civile, syndicats et communautés affectées. Ces organisations résistent aux accaparements de terres, à l’extraction minière, aux salaires d’exploitation et à la destruction environnementale causés par les sociétés transnationales dans le monde entier.

Cette campagne mondiale est une réponse qui se veut structurelle et globale contre le pouvoir des multinationales qui échappent à toute responsabilité. Elle facilite le dialogue, la stratégie, l’échange d’informations et d’expériences, tout en servant d’espace de visibilité pour les résistances et en renforçant la solidarité et le soutien aux luttes. Jusqu’à maintenant son activité se concentrait principalement sur le combat pour la ratification de traités internationaux afin de responsabiliser et réguler les sociétés transnationales, et sur la rédaction et défense d’un traité international des peuples qui propose de fournir un cadre politique pour soutenir les mouvements et communautés dans leurs résistances et leurs pratiques d’alternatives au pouvoir des entreprises.

- Quelques victoires, malheureusement insuffisantes

Les membres de la campagne mondiale ont obtenu quelques victoires significatives, comme l’adoption de la loi française sur le devoir de vigilance, qui impose aux entreprises de prévenir les violations des droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement - une victoire limitée vu le manque de sanctions réelles et la difficulté d’accès à la justice pour les victimes. La récente directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (qui doit être transposée dans les droits nationaux avant le 26 juillet 2026) bien que prometteuse, reste, elle aussi, insuffisante en raison de son champ d’application limité et de l’exclusion du secteur financier (à la demande de la France). Une victoire plus franche de la campagne - et plus largement de la société civile luttant contre les accords de libre-échange - c’est sans nul doute le retrait de l’Union européenne du traité sur la charte de l’énergie qui permettait à des industriels de poursuivre des États pour leurs politiques climatiques ou pour la fermetures d’industries polluantes.

Sur la scène internationale, la campagne mène également la bataille pour un traité international contraignant sur les multinationales et les droits humains. En effet, depuis 2014, sous la pression de la société civile internationale un groupe de travail intergouvernemental de l’ONU discute d’un traité visant à combler les lacunes des initiatives actuelles, en imposant des obligations juridiques directes aux sociétés transnationales au niveau mondial, et non plus aux seuls États. Ce traité, en cours de négociation, vise à créer un cadre légal international pour responsabiliser les sociétés transnationales et les obliger à respecter les droits humains et l’environnement. Bien que soutenu par des pays comme l’Équateur (malgré une frilosité récente) et l’Afrique du Sud, le processus de négociation rencontre une forte opposition de l’Union européenne, des États-Unis et des lobbys. Les points de tensions incluent entre autres l’obligation juridique directe des multinationales, l’accès à la justice pour les victimes, et la primauté des droits humains sur les accords de commerce.

- De la campagne à une assemblée : place à l’action ?

Cette année marque les 10 ans de négociations du traité international. A cette occasion plusieurs organisations du monde entier organisent une Assemblée des Peuples pour la Vie le 20 octobre à Genève (ou se trouve les bureaux des Nations unies). Tout en se plaçant dans la continuité de la campagne, cette assemblée souhaite aller au-delà. Elle vise à rassembler plus largement divers mouvements locaux, organisations et individus pour élaborer des stratégies, partager des expériences et défis afin de renforcer la solidarité internationale contre la domination des entreprises transnationales (ETN). L’objectif sera de jeter les bases d’une collaboration continue et d’un front populaire mondial, afin de renforcer les luttes locales, mettre en place des outils pratiques et des actions concrètes pour soutenir et améliorer cette lutte primordiale​.

Le programme de la journée est structuré autour d’activités clés telles que des séances de groupes pour identifier les défis à relever dans la lutte contre le pouvoir des entreprises et des discussions plénières pour proposer des actions collectives. Si vous souhaitez vous aussi tenter depuis votre réalité d’identifier des domaines d’action communs, de partager votre expérience avec des luttes du monde entier et vous engager à renforcer la coordination des efforts pour combattre l’impunité des multinationales et revendiquer la souveraineté des peuples, n’hésitez pas et rejoignez-nous à Genève le 20 octobre de 11h à 16h !

Pour y participer sur place, ou pour plus d’informations, veuillez contacter ghislaine@foei.org.

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