Accord UE-Mercosur : le report de la ratification doit devenir un abandon de l’accord.

vendredi 19 décembre 2025, par Collectif Stop CETA/Mercosur

Ce jeudi 18 décembre au soir, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé aux dirigeants des 27 pays de l’UE réunis à Bruxelles que l’accord de libre-échange UE-Mercosur ne serait pas ratifié ce vendredi par les 27 États-membres de l’UE, et qu’il ne serait pas signé ce samedi au Brésil.

La pression des mobilisations agricoles et citoyennes a payé : dans l’incapacité de réunir une majorité qualifiée au Conseil, les promoteurs de cet accord, le plus nocif et le plus contesté de l’histoire de l’Union européenne, ont du battre en retraite. C’est une bonne nouvelle pour les filières économiques les plus fragiles des deux côtés de l’Atlantique. C’est aussi une bonne nouvelle pour le climat, la lutte contre la déforestation et les droits humains.

Le collectif national Stop Mercosur se réjouit que la pression paysanne et populaire ait payé et remercie toutes celles et tous ceux qui, par leur engagement depuis de nombreuses années, ont contribué à ce résultat historique : c’est la première fois dans l’histoire européenne qu’un accord de libre-échange n’est pas ratifié comme une lettre à la poste par les institutions européennes. Voilà une opportunité historique pour transformer l’essai, enterrer cet accord totalement obsolète et revoir de fond en comble la politique commerciale européenne comme le réclament 400 organisations des deux côtés de l’Atlantique. La réalité géopolitique mondiale mérite mieux que d’importer des carcasses de viande réfrigérées et d’exporter des voitures thermiques et des pesticides.

Le collectif national Stop Mercosur appelle toutes et tous à s’engager dans ce combat à nos côtés. Il est plus que temps d’envoyer cet accord nocif au rebut et de rouvrir le champ des possibles : nous ne voulons ni de la loi de la jungle de Donald Trump, ni de la poursuite d’une mondialisation néolibérale désastreuse, mais une relocalisation écologique et solidaire qui permette de satisfaire les besoins des populations sans détruire les activités des agriculteurs et des salariés, pas plus que la planète. Rejoignez-nous pour transformer ce report en abandon.

Réactions des membres du collectif national Stop-Mercosur

  • Pour Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac France : « Nos organisations ne manqueront pas de se saisir du sursis que ce report représente pour continuer d’alerter sur le traité le plus nocif et le plus contesté de l’histoire de l’UE, et d’exiger l’abandon de cet accord néolibéral d’un autre temps, qui ne profite qu’aux multinationales de l’agro-business au détriment de la santé, de l’agriculture et du climat. La France doit continuer de s’opposer clairement et ne pas se contenter de quelques améliorations cosmétiques ».
  • Pour Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne : « Ce que nous demandons c’est le rejet de cet accord de libre-échange. Ce report est la preuve que notre mobilisation paye. Elle va continuer car il n’est pas question que l’agriculture et l’élevage, soient sacrifiés sur l’autel des intérêts financiers et de l’agro-industrie. Nous restons donc plus que jamais déterminés à obtenir le rejet de cet accord au sein du Conseil européen. La France doit sortir de l’ambiguïté et ne construire une minorité de blocage qui ne soit pas que de circonstance, alors que nous sommes mobilisés en France contre la politique d’abattage total pour la DNC ».
  • Pour Julien Rivoire, chargé de campagne Agriculture pour Greenpeace France : « Le report marque un coup d’arrêt dans l’avancée de cet accord de libre échange qui pourrait avoir des conséquences terribles, pour l’agriculture paysanne et France et dans les pays du Mercosur, pour les écosystèmes, le climat et les droits humains. Mais tout n’est pas fait : nous maintiendrons la mobilisation pour que cet accord du siècle dernier ne voit jamais le jour ».
  • Pour Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch : « À l’heure où les attaques contre la santé, l’agrigulture, l’environnement, de la loi Duplomb à la loi Omnibus 7, se multiplient, y compris en détournant le principe de la "souveraineté alimentaire" , ce report de la ratification de l’accord UE-Mercosur, doit servir de sursaut : résistons ensemble et faisons reculer ces projets néfastes pour nous toutes et tous ».
  • Pour Maxime Combes, économiste à l’Aitec et co-animateur du collectif national Stop-Mercosur  : « Ce report est historique : c’est la première fois de l’histoire européenne qu’un accord de libre-échange finalisé n’est pas ratifié à une très grande majorité par les institutions européennes. Preuve est donnée ici que la politique commerciale européenne ne fait plus consensus et que le libre-échange ne peut pas, et ne doit pas être, le principe qui guide l’Union européenne en la matière : il est au contraire urgent de réduire notre dépendance aux marchés mondiaux, tant pour nos importations que pour nos exportations, afin de ne pas dépendre des décisions prises par des chefs d’État et de gouvernement sur lesquels nous n’avons pas prise ».
  • Pour Nabil Berbour, directeur de campagne chez Ekō : « Le report décidé hier soir constitue un désaveu politique majeur pour les promoteurs de l’accord UE-Mercosur. Après le vote massif de l’Assemblée nationale le 27 novembre, qui a clairement rejeté ce traité, ce report confirme ce que la société civile et le monde agricole dénoncent depuis des années : cet accord est dépourvu de toute légitimité démocratique et sociale. Ses conséquences seraient dévastatrices pour l’agriculture paysanne, en France comme dans les pays du Mercosur, mais aussi pour les écosystèmes, le climat et les droits humains. Emmanuel Macron doit désormais cesser toute ambiguïté et arrêter de tenter de rafistoler un traité irrécupérable. En respectant le vote des députés, il doit assumer ses responsabilités et construire une minorité de blocage pour empêcher définitivement la ratification de cet accord toxique. La France a le pouvoir de l’arrêter — elle a désormais le devoir de le faire ».