Accord de libre-échange Mercosur-Union européenne, une catastrophe pour l’environnement dans les pays du Mercosur

mercredi 13 décembre 2017, par Attac France

Les promoteurs de cet accord dont les négociations ont commencé il y a 18 ans veulent maintenant accélérer les discussions. À Buenos Aires, celles-ci vont reprendre à partir du 15 décembre, juste après la fin de la conférence de l’OMC.

Ce projet d’accord a été relancé par la Commission européenne depuis 2016. De son point de vue, le contexte géopolitique est évidemment favorable : vide laissé par les États-Unis sur le terrain commercial, nouvelle gouvernance néolibérale dans les deux grands pays d’Amérique latine que sont l’Argentine et le Brésil (le Mercosur comporte également le Paraguay et l’Uruguay). Les plus optimistes des négociateurs tablent sur un accord, au moins politique, avant la fin de cette année, et sont conscients que leur « fenêtre de tir » pourrait se refermer au printemps 2018 avec le début de la campagne électorale au Brésil.

Viande bovine et éthanol contre voitures

Les termes de cet accord de libre-échange dont le texte a été tenu secret jusqu’ici (l’opacité étant la règle, comme on le sait, pour tous les accords de libre-échange) viennent d’être révélés grâce à Greenpeace Pays-Bas qui a pu y avoir accès1. En résumé, les deux parties cherchent à maximiser l’accès à leurs marchés respectifs et veulent augmenter leurs exportations. Les intérêts de l’UE portent sur l’exportation de services financiers et l’accès au marché du Mercosur pour ses entreprises des secteurs de l’énergie, de l’industrie automobile et des boissons, entre autres. En outre, et c’est important, elle souhaite que les entreprises européennes puissent soumissionner sur les marchés publics, y compris pour les contrats avec les grandes municipalités ou les États fédéraux. En retour, l’UE promet un accès élargi à ses marchés pour le bœuf, la viande de volaille, le sucre et les biocarburants.
L’UE, pressée d’aboutir, a déjà accepté une offre d’entrée sur son marché de 78 000 tonnes de viande bovine et de 600 000 tonnes d’éthanol, deux produits plutôt sensibles sur le vieux continent. Celle-ci n’a pas encore satisfait les pays du Mercosur qui veulent augmenter à plus de 100 000 tonnes leur quota d’exportations de viande bovine dont la région est l’une des plus compétitive au monde (ces pays exportent déjà 200 000 tonnes de viande). La Commission européenne paraît disposée à faire encore des concessions.

Des conséquences catastrophiques pour l’environnement

L’élevage de bétail et l’expansion du soja menacent trois écosystèmes naturels très importants en Amérique latine : l’Amazonie, le Cerrado et la région du Chaco, et sont responsables de 80 % de la déforestation au Brésil entre 1990 et 2005. Il y a plus de têtes de bétail au Brésil que d’habitants, les producteurs de soja occupant progressivement les pâturages déjà défrichés. La région amazonienne du Brésil a ainsi perdu 37 000 km2 de surfaces forestières en 2016 (à peu près la taille de la Suisse), près de trois fois plus qu’en 2015. Or cette forêt participe à la protection du climat en stockant d’énormes quantités de
carbone. Couvrant un quart du Brésil, le Cerrado qui est l’un des plus importants écosystèmes de savane dans le monde tropical, continue à perdre du terrain devant l’expansion de l’élevage de bœufs et la production de soja. Entre 2013 et 2015, 19 000 km2 de forêts ont ainsi été détruits dans cette région.
En Argentine, un nouveau plan de développement porte sur l’élevage intensif de 10 millions supplémentaires de têtes de bétail au nord du pays, principalement destinées à l’exportation vers l’Europe et la Chine. Ce projet pourrait entraîner la disparition de 10 millions d’hectares de forêts.
Et que trouve-t-on dans les 171 pages du projet d’accord de libre échange entre le Mercosur et l’UE ? À peine quelques vagues déclarations sur « la gestion durable des forêts » et une mention quasi symbolique des accords de Paris sur le climat. Et ce, alors qu’au Brésil les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 8,9 % en 2016, principalement à cause de la déforestation.

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