Clara Zetkin, socialiste féministe allemande, propose pour la première fois en 1910 à l’Internationale socialiste des femmes de célébrer la première « Journée internationale des femmes ».
Ce sera finalement la grève des ouvrières de Petrograd, le 8 mars 1917 qui fera du 8 mars la journée internationale des droits des femmes, à la suite d’une décision prise en 1921 par le gouvernement soviétique de commémorer cette journée comme ayant initié la révolution russe. Cette « Journée internationale des femmes » est reconnue officiellement par les Nations Unies en 1977, par la France en 1982, et devient une journée de grève en 2018.
Capitalisme, patriarcat, même combat
Cette idée de l’indissociabilité entre la lutte contre le capitalisme et le patriarcat était déjà défendue par les initiatrices du 8 mars. L’articulation étroite entre capitalisme et patriarcat a depuis été théorisée par les militantes et chercheuses féministes. Même quand on croyait encore qu’à une époque, les femmes ne travaillaient pas hors du foyer, le travail gratuit qu’elles assurait (travail domestique, soin aux enfants et aux ascendants) a ainsi été pensé comme indispensable à la reproduction de la force de travail.
Ainsi, le capitalisme, main dans la main avec le patriarcat, exploite la force de travail masculine et accapare la valeur qu’elle produit tout en bénéficiant du travail totalement gratuit des femmes qui permettent à cette force de travail de se reproduire. Dès lors qu’on pense ensemble patriarcat et capitalisme, on montre que ce dernier entraîne nécessairement l’exploitation des femmes, profitant de leur travail reproductif – réalisé de manière invisible et non reconnue – dans la sphère domestique comme dans la sphère professionnelle.
Car les métiers exercés par les femmes, surtout quand ils relèvent du care, sont dévalorisés. Tant qu’ils ne seront pas rémunérés à la hauteur des compétences et responsabilités que les femmes déploient, il faudra considérer qu’une partie du travail féminin est bénévole. C’est d’ailleurs tout le sens des actions qui consistent à souligner qu’à partir de 15h40, les femmes ne sont plus payées pour leur travail.
Violences sexistes et sexuelles, violences sociales
Si les revendications du 8 mars pourraient laisser penser qu’elles ne concernent que la question sociale, cette journée est aujourd’hui indissociable de la vague #MeToo. Cette vague comprise et intégrée par le mouvement social féministe, et par une majorité de la population (coucou Macron !) a produit des effets qui continuent de transformer profondément la société à chaque nouveau scandale de violences fondées sur le genre.
Elle se fait jour notamment au travers de mobilisations qui, au premier abord, ne semblent pas concerner les questions féministes. Le mouvement des femmes dans les manifestations retraites, auquel les Rosies ont contribué, en est une illustration : il a eu une importance significative, et s’il a « surfé » sur la vague MeToo, c’était sans opportunisme, par exaspération et indignation. La cause des femmes reléguées au second plan, c’est terminé !
Il est plus que jamais nécessaire d’imposer le lien entre les revendications portant sur le travail, les retraites, les inégalités femmes-hommes, avec les revendications féministes. Si le travail des femmes est si peu valorisé et que leurs carrières sont mauvaises (et qu’elles ont donc des retraites de m…biiiip !), c’est parce que nous vivons dans une société patriarcale qui assigne et maintient les femmes à une place subordonnée et s’organise pour que la valeur d’une femme soit toujours en deçà de celle d’un homme.
Une société patriarcale qui considère les femmes comme un produit consommable dont on peut disposer librement. Disposer librement de leur corps, de leur temps, de leur énergie, en les exploitant pour la gestion du foyer, de la famille, de l’entourage. Les exploiter au travail, les maltraiter et les violenter dans leur chair. Les discriminations et les inégalités au travail (rémunéré ou non) sont liées aux violences sexistes et sexuelles : les secondes résultent des premières. Les violences sexistes et sexuelles et les violences sociales sont les deux faces d’une même médaille.
Au travers des travaux des Rosies et du groupe anti-sexisme, l’association a décidé de faire du 8 mars un temps fort de l’association :
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Retrouvez toutes les infos sur les manifestations du 8 mars
- À Paris, les Rosies seront sur le camion de tête unitaire de la manifestation.
Découvrez la note du groupe anti-sexisme « Violences sexistes et sexuelles, violences sociales : pourquoi le 25 novembre et le 8 mars sont-ils les deux faces d’une même médaille ? »