Après l’Inde (4,1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre), qui a ratifié l’Accord de Paris ce 2 octobre, l’Union européenne (12% des émissions), lui a emboîté le pas ce mardi 4 octobre avec le vote du Parlement européen en faveur d’une ratification « coordonnée mais non simultanée » des États-membres. Six États membres, qui représentent 4,4 % des émissions mondiales, ont achevé leur procédure interne de ratification – France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Malte et Slovaquie. Grâce à la procédure accélérée, ils pourront se joindre à l’accord sans attendre la ratification de l’ensemble des États-membres. Le texte, qui exigeait que 55 États représentant au moins 55% des émissions mondiales le ratifient, entrera en vigueur 30 jours plus tard, au moment où la COP22 s’ouvrira à Marrakech (7-18 novembre).
"Habilement orchestré par l’ONU et la présidence française de la COP 21, et savamment entretenu par les ratifications prévues et planifiées de la Chine, des États-Unis et de l’Inde, ce Téléthon de la ratification ne saurait masquer l’essentiel", affirme Maxime Combes, chargé du suivi des questions climatiques pour Attac France : "les engagements de réduction d’émissions pris par les États lors de la COP 21 devraient conduire à un réchauffement climatique supérieur à 3°C, en contradiction flagrante avec l’article 2 de l’Accord de Paris qui prévoit de contenir le réchauffement en deçà de 2°C, ou même, idéalement, en deçà de 1,5°C. Avant même que l’Accord de Paris n’entre en vigueur, les États violent les (maigres) engagements qu’il contient."
Le décalage entre ce qui devrait être fait, et ce que les États s’engagent à faire est frappant : selon les données de l’ONU, les émissions pourraient progresser chaque année pour atteindre 55 gigatonnes d’équivalent C02 en 2025 et 56,2 Gt éq. CO2 en 2030. Soit 18 % et 37% d’émissions en trop par rapport à ce qu’exige une trajectoire 2°C. Autrement dit, les États envisagent de consommer 53 % du budget carbone dont nous disposons d’ici à 2025 et 74% d’ici à 2030. Il est urgent et nécessaire que les États revoient à la hausse l’ambition de leurs politiques climatiques.
Image : Comparaison des émissions mondiales en 2025 et 2030 entre les promesses des États (INDCs) et les trajectoires 2°C et 1,5°C.
L’UE ne fait pas exception : ses engagements pour 2020 (20% de réduction d’émissions) et 2030 (40%) ne sont pas suffisants. Puisqu’il existe désormais un cadre international, les États-membres doivent tenir leur promesse de réévaluer très nettement à la hausse ces objectifs. Par ailleurs, la révision à venir des directives sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables doit être l’occasion d’opérer une profonde transition énergétique qui s’appuie sur une sortie progressive, programmée et planifiée des énergies fossiles.
« Pour résoudre la crise climatique (…), les bons sentiments, les déclarations d’intention ne suffiront pas, nous sommes au bord d’un point de rupture » avait déclaré François Hollande en ouverture de la COP 21, souhaitant que la conférence de Paris pose les jalons d’une « révolution climatique ». Le gouvernement français n’en prend clairement pas le chemin : de Notre-Dame-des-Landes à la relance d’un programme autoroutier suranné, en passant par le torpillage des trains de nuit et l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires, les signaux envoyés sont ceux d’un gouvernement sans cap écologique ni volonté de sobriété énergétique.
Nous l’exprimerons à nouveau ce 8 octobre à Notre-Dame-des-Landes : « Ratifier c’est bien ! Changer de politique c’est mieux ! Pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ! »
Image : Accélération du réchauffement climatique, selon cette nouvelle courbe publiée par James Hansen, à partir d’une moyenne courante sur 12 mois !