Bure, c’est un petit bout de Meuse pour l’un des plus gros projet industriel européen : enfouir 85000 m3 des pires déchets radioactifs dans 300 kms de galeries, à 500 m sous terre. 130 ans de chantier, garanti sans risque pour 100 000 ans ! Derrière ces chiffres abstraits, des risques réels : explosions, incendies, contaminations, rejets massifs. Depuis 25 ans, pour faire accepter ce projet, État et nucléocrates cherchent à l’imposer en faisant de la population locale leur cobaye et en faisant taire les élu-es à coup de corruption légale d’un milliard d’euros.
Depuis l’été 2017, la carotte s’est transformée en bâton avec une vague de répression et de criminalisation inédite dans l’histoire récente des territoires en lutte - 60 procès, 28 interdictions de territoires, plusieurs peines de prison ferme, des dizaines de mois de sursis, et une instruction pour « association de malfaiteurs » qui empêche 10 personnes de se voir. Coûte que coûte, le trou de Cigéo doit se creuser, quitte à y enfouir quelques opposants avec les déchets nucléaires.
Néanmoins, nous nous élevons plus que jamais face à cette hérésie sociale éthique et environnementale. Toutes et tous, nous sommes animé-es par la détermination à enrayer ce sinistre projet et de porter nos voix contre cette machine de destruction. Face à l’omerta et au silence, nos voix crient, murmurent, rient, interpellent, hurlent qu’elles ne se tairont pas. Nous refusons à la fois les nuages radioactifs et ceux des lacrymos.
Nous sommes debout, mais parfois les braises ont besoin d’être ravivées pour retrouver la chaleur d’une force collective : tant mieux, du souffle, nous en avons et vous aussi !
Face à cette vague brutale de répression et de militarisation à Bure, et après l’expulsion du bois Lejuc occupé jusqu’en février 2018, il nous faut trouver de nouvelles prises, faire un pas de côté, chercher des courants ascendants. La lutte de Bure soulève des enjeux régionaux, nationaux, et internationaux. Nous sommes tous concerné-e-s. Pour commencer, nous nous sommes donc laissé-es pousser par le Vent jusqu’à Nancy, encore épargnée aujourd’hui, qui serait aux premières loges des rejets radioactifs : elle se situe dans l’axe des vents dominants, en plein est de Bure, à à peine 50 kms à vol d’oiseau.
Comme la radioactivité, le vent est invisible, inodore. Nous, nous préférons le Vent de Bure d’aujourd’hui à celui qui demain nous irradierait en silence. Lors du week-end, n’hésitons pas à le rendre beau et perceptible : cerfs-volants, ballons et le fruit de nos imaginations réunies représenteront toutes ces forces invisibles.
Partout dans le monde aujourd’hui, des bourrasques soufflent pour tenter de balayer l’oligarchie politico-financière qui s’accroche par tous les moyens à un système qui mène une guerre sans merci au vivant, détruit les vies et détraque le climat au nom du profit. Mais dans un contexte politique toujours plus hostile, la tempête répressive et autoritaire rugit de plus en plus fort.
Derrière cet appel, le besoin de respirer et souffler ensemble, celui de tout un territoire qui se soulève, qui veut faire corps pour s’opposer à Cigéo et à son monde : celui qui le permet, et celui, plus ravagé encore, qu’il laisserait. Pour organiser la transformation de cette société à bout de souffle, nous nous parons de toutes les couleurs du monde.
Faisons souffler un vent contraire et mélangeons nos souffles : samedi 1er au soir rejoignez le banquet et le grand « Bal des Malfaiteur-es » ! Mais attention à ne pas y perdre toutes vos plumes et à garder de l’énergie pour le lendemain : dimanche 2 juin, rassemblons nous massivement pour manifester, pour montrer que nous ne sommes pas un simple courant d’air, et pour répondre à la spirale autoritaire et à l’assurance arrogante de l’industrie nucléaire !
Le rapport de force est à renouveler sans cesse : dès que notre vent soufflera, Cigéo s’en ira !