Le 10 janvier dernier, lors de son audition devant la Convention, Emmanuel Macron s’est présenté comme le « filtre » en dernier ressort qui allait trier entre les mesures acceptables par le pouvoir et celles qui ne le seraient pas. Cette posture est absolument inacceptable sur le fond et complètement antinomique avec le fait de réunir une Convention citoyenne qui tire sa légitimité du débat raisonné entre citoyens libres et égaux et de leur délibération collective. Si les membres de la Convention ont fait la démonstration de leurs capacités à ne pas se contenter d’une vision étriquée de la lutte contre les dérèglements climatiques, nos doutes initiaux sont loin d’être dissipés.
« Que va-t-il rester de ce travail, aussi fécond et approprié soit-il, lorsqu’il va être soumis au filtre politique d’un exécutif et d’une majorité qui ont fait la démonstration depuis presque trois ans qu’il était hors de question de prendre des mesures qui remettent en question la puissance des lobbies, les pouvoirs et droits acquis des multinationales ou les règles qui organisent l’économie mondiale ? » demande Attac France dans une contribution publiée ce vendredi 6 mars.
Pour Attac France, la Convention citoyenne sur le climat sera jugée sur sa capacité à rejeter une croyance dangereuse : l’addition d’actions individuelles et de mesures symboliques qui laissent inchangées le cœur des pratiques et politiques productivistes et néolibérales actuelles ne saurait permettre de contenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5°C ou 2°C, ni même de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030, par rapport à 1990, objectif assigné à la Convention.
« Pour déverrouiller et déclencher la transition, nous invitons les membres de la Convention à s’attaquer aux fondements de cette machine à réchauffer la planète qu’est notre insoutenable système économique et financier : reprendre notre avenir énergétique des mains de la finance, choisir entre la libéralisation du commerce et le climat, et s’affranchir de la pensée unique en matière climatique (la taxe carbone, la finance verte et l’innovation technologique ne sont pas la panacée) sont trois de ces passages obligés », précise Maxime Combes, porte-parole d’Attac France en indiquant que la contribution publiée liste plusieurs mesures d’urgence sur chacun de ces sujets.
Pour transformer de fond en comble un modèle économique et social devenu insoutenable et affronter ensemble les crises sociales et écologiques, Attac France appelle par ailleurs à manifester le 14 mars prochain : « fin du mois et fin du monde, même combat ».
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