Alors que les autorités ont mis 5 jours à publier la liste des produits [1] entreposés dans l’usine malgré les demandes répétées de transparence, la population s’inquiète toujours des conséquences sanitaires et environnementales provoquées par cet incendie. Plus de 5250 tonnes de produits chimiques ont été la proie des flammes, dont certains contenant des substances suspectées d’être toxiques pour la reproduction, cancérogènes ou toxiques pour certains organes ou par inhalation. Les autorités continuent pourtant à affirmer que « la qualité de l’air est stable » et que l’eau n’est pas polluée, tout en interdisant la vente de produits agricoles locaux dans plus de 150 communes et tout en invitant les habitant.e.s à ne pas nettoyer à mains nues les dépôts de suie.
Des documents montrent que la préfecture a pris, depuis 2018, au moins 3 arrêtés concernant l’entreprise Lubrizol. Ces arrêtés préfectoraux l’ont autorisé, coup sur coup en janvier puis juin 2019, à augmenter ses capacités de stockage de produits chimiques qui lui valent la classification Seveso. Aucune évaluation environnementale n’a précédé ces autorisations préfectorales. La préfecture s’est appuyée sur un décret gouvernemental de juin 2018 pour donner son feu vert : la réglementation des installations classées a en effet fait l’objet de nombreux assouplissements ces dernières années, notamment depuis que Emmanuel Macron est devenu président de la République.
Compte-tenu des zones d’ombre persistantes, des nombreuses questions sans réponse et des exigences de transparence et d’accès à l’information - des milliers de personnes ont manifesté à Rouen ce mardi pour dire « Nous voulons la vérité » - nous prenons la responsabilité de rendre accessibles au plus grand nombre ces documents concernant l’entreprise Lubrizol :
- En janvier 2019, un arrêté préfectoral a été publié augmentant de 1598 tonnes les stocks de ces produits sensibles, retrouvez-le ici
- Le 25 juin 2019, un arrêté préfectoral a permis d’augmenter les capacités de stockage de 600 tonnes (produits « classe P » à « toxicité aiguë »).
- Le 24 juillet 2019, un arrêté préfectoral a modifié la réglementation incendie.
Par ailleurs, à la lecture de ces documents, nous comprenons qu’un arrêté préfectoral a été pris le 18 mars 2019 portant sur la « modification des règles environnementales ». Or, à ce jour, nous n’avons pu retrouver ce document alors qu’il est censé être public.
Sous la plume du journaliste Laurent Radisson, le site Actu Environnement a fait référence [2] dès le lundi 30 septembre à certains de ces documents qui interrogent la responsabilité de la préfecture et du préfet de Seine-maritime : l’ampleur de l’accident industriel de Lubrizol est-il lié et/ou aggravé par les augmentations de capacité réalisées sans que l’autorité environnementale ait eu son mot à dire ? Malheureusement, à ce jour, la préfecture refuse de s’exprimer à ce sujet. Il nous semble par ailleurs que ces informations importantes ont été peu reprises et diffusées.
Il est urgent que les autorités répondent enfin aux questions qui leur sont posées et publient tous les documents en leur possession, y compris les analyses complètes et détaillées des suies et fumées recueillies.
Nous invitons également celles et ceux qui disposeraient d’informations utiles (responsabilités de l’entreprise, conditions d’entreposage, impacts sanitaires et écologiques, etc) à les rendre publiques, d’une manière ou d’une autre. A notre échelle, nous proposons de nous transmettre vos documents et informations à l’adresse infos-rouen@attac.org.
Attac France tient à témoigner tout son soutien à la population légitimement inquiète et mobilisée sur le territoire rouennais et alentours.