Budget 2026 : l’heure d’un sursaut pour la justice fiscale

vendredi 10 octobre 2025, par Alliance Ecologique et Sociale

Tribune de l’Alliance écologique et sociale publiée sur le site de L’Humanité.

Il est temps d’écouter les Françaises et les Français, en prônant la rupture avec la politique fiscale d’Emmanuel Macron. Ce budget 2026 est l’occasion de donner un cap pour plus de justice fiscale, sociale et environnementale en dégageant de nouvelles recettes qui permettront de financer le modèle social français, des services publics de qualité et la transition écologique.

Alors que la France traverse une crise politique majeure avec un pays sans gouvernement et sans budget, il est urgent de redonner de la confiance et de l’espoir aux Français. La colère gronde en France et les gouvernements successifs que l’on voit défiler depuis des mois n’ont jamais répondu à la crise sociale. Pourtant, si la classe politique veut aboutir à un budget de compromis comme elle l’affirme, elle ne peut pas faire l’impasse sur la justice fiscale. La société civile va scruter avec attention les prochaines orientations budgétaires.

Face aux enjeux budgétaires et à la colère des Français∙es qui couve depuis des années et qui s’est exprimée récemment dans la rue, la classe politique dans son ensemble et le futur gouvernement en place n’a plus le choix : il est maintenant inévitable de faire davantage contribuer les plus grosses fortunes pour réduire les inégalités et apaiser les tensions dans la société.

Le budget 2026 doit être l’occasion pour le gouvernement de se saisir du sujet en proposant des mesures fortes et concrètes attendues par les Français∙es. Cinq mesures permettraient de dégager près de 70 milliards d’euros chaque année et réduire les inégalités qui ne cessent de se creuser.

En 30 ans, les 500 Français les plus riches ont vu leur fortune multipliée par 14, pour arriver à une richesse cumulée de près de 1200 milliards d’euros aujourd’hui. En parallèle, selon l’INSEE, le taux de pauvreté en France n’a jamais été aussi élevé depuis trente ans. Les inégalités se sont creusées depuis bien trop d’années et les réponses à apporter au déficit public et à la dette ne doivent pas être des coupes drastiques dans les dépenses publiques qui pénaliseraient encore davantage les plus fragiles. La dette largement brandie comme totem par François Bayrou s’est précisément creusée à cause d’un manque cruel de recettes dans le budget de l’État. Ainsi, l’ensemble des baisses d’impôts et de prélèvements mises en place depuis 2017 représente un manque à gagner de plus de 308 milliards d’euros pour nos finances publiques.

Aujourd’hui, avec les cadeaux fiscaux faits aux ultras riches et aux multinationales par Emmanuel Macron depuis 2017, un milliardaire paie, en proportion, moins d’impôts qu’une infirmière. L’Institut des Politiques Publiques montrait en 2023 la régressivité de l’impôt pour les ultras riches. L’étude précisait qu’à partir des 0.1 %, les plus riches paient 46 % d’impôt mais l’impôt devient ensuite régressif pour les Français les plus riches avec quelques milliardaires qui au final ne payent plus que 26 %.

Dans le même temps, d’années en années les records de versements de dividendes pleuvent en France et dans le monde. En 2024, les versements de dividendes ont explosé en France avec 68 milliards directement dans la poche des actionnaires au détriment des salarié∙es et de la planète. On rappelle qu’entre 2011 et 2021 les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse ont versé 71 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires.

Cette situation n’est plus tenable. Et pourtant des recettes, il y en a et la taxe Zucman ne doit pas masquer de nombreuses autres mesures encore plus ambitieuses qui permettraient de dégager plusieurs dizaines de milliards d’euros pour renflouer les caisses de l’État. En plus de la taxe Zucman, 4 autres mesures permettraient de dégager près de 70 milliards d’euros par an : mieux taxer les dividendes en supprimant le Prélèvement forfaitaire Unique (PFU), rénover la taxe sur les transactions financières, réformer l’imposition de l’héritage en ciblant les super-héritages et restaurer l’ISF dans une version rénovée et avec une surtaxe climatique.

Il est temps d’écouter les Françaises et les Français, en prônant la rupture avec la politique fiscale d’Emmanuel Macron. Ce budget 2026 est l’occasion de donner un cap pour plus de justice fiscale, sociale et environnementale en dégageant de nouvelles recettes qui permettront de financer le modèle social français, des services publics de qualité et la transition écologique.