L’AG de Total fortement perturbée par des activistes exigeant sa sortie des énergies fossiles

vendredi 26 mai 2023, par Attac France

Aujourd’hui, l’AG de Total devait se tenir à Paris pour célébrer les bénéfices record du groupe et voter ses orientations stratégiques, qui prévoient le développement de nombreux nouveaux projets d’énergies fossiles. L’événement est fortement perturbé par 700 activistes non-violents qui ont tenté de bloquer les différents points d’entrée depuis 6h du matin. Ils ont été violemment réprimés par la police présente en nombre dès le début de l’action.

Cette action de masse, coordonnée par Alternatiba Paris, les Amis de la Terre France, Attac, et avec le soutien de Greenpeace France, 350.org et Scientifiques en Rébellion a été organisée pour dénoncer les projets dévastateurs de Total et son greenwashing agressif.

Ils avaient prévenu, dans l’appel publié il y a un mois et intitulé « l’AG de Total n’aura pas lieu ! » (1). Ils sont là.

700 activistes non-violents perturbent actuellement la tenue de l’AG de Total devant la salle Pleyel. Ils ont déployé une banderole indiquant “Total, les éco-terroristes c’est vous”. Des prises de parole ont eu lieu, ainsi que des animations artistiques. Au mégaphone, les activistes entonnent des chants : “Nous ce qu’on veut, c’est renverser Total”. Des actionnaires ont finalement forcé le barrage avec l’aide de la police, n’hésitant pas à piétiner les activistes.

Le dispositif policier déployé était massif et la violence particulièrement forte dès les premières minutes : gazage à bout portant, grenades lacrymogènes lancées dans la foule assise, vêtements brûlés aux grenades, matraquage arbitraire, interpellations, brutalisation des activistes et journalistes… La police a tenté de déloger les activistes à de nombreuses reprises.

C’est ce dispositif répressif qui a permis aux actionnaires de rentrer et donc à l’AG d’être maintenue. Nous condamnons cette violence inédite, qui protège les intérêts privés de Total et de ses actionnaires au détriment du climat et de l’intérêt général. Les revendications des manifestants, venus défendre leur droit à un avenir juste et stable, sont pourtant légitimes. Cette violence est un terrible aveu d’incompétence climatique de la part de l’État, et un marqueur de plus dans la glissade vers l’autoritarisme violent et la criminalisation des activistes climat.

Steven Arfeuille, porte-parole d’Alternatiba Paris : “Avec ce blocage, nous montons d’un cran par rapport aux actions de ces derniers mois et avertissons Total : il n’est plus possible de voter ses plans et de dérouler son greenwashing en toute impunité. Comme Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies, l’a dit : nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied sur l’accélérateur. Et c’est Total qui fournit le carburant avec la bénédiction du gouvernement. Tant que l’entreprise ne sortira pas des énergies fossiles, nous serons là pour lui mettre des bâtons dans les roues”.

Cette action est essentielle, car chaque nouveau projet d’énergies fossiles est un coup supplémentaire porté à la possibilité même de préserver nos conditions de vie sur Terre.

Pour Jean-François Guillon, membre du bureau d’Attac : “Alors que Total prévoyait de célébrer ses 36,2 milliards d’euros de bénéfices en 2022 à coup de champagne et de petits fours, nous avons joué les trouble-fêtes. Si Total préfère utiliser ses superprofits pour récompenser grassement ses actionnaires en leur versant des dividendes record (9,4 milliards d’euros !) et augmenter encore ses investissements dans les énergies fossiles, la major pétrolière n’hésite pas non plus à pratiquer l’évitement fiscal ! Rappelons enfin qu’en pleine crise énergétique, 12 millions de Français luttent au quotidien pour se chauffer, faire le plein d’essence ou se nourrir.”

Total est l’une des entreprises les plus agressives au monde dans le développement de nouveaux projets de pétrole et gaz. Selon un rapport publié hier par l’ONG Oil Change International, Total s’est classée en 2022 3e au niveau mondial et 1re parmi les majors internationales dans l’approbation de nouvelles expansions pétrolières et gazières. Même à l’horizon 2030, Total prévoit de maintenir les deux tiers de ses investissements dans le pétrole et le gaz (2).

Total projette ainsi de développer de nouvelles bombes climatiques partout dans le monde. Les projets EACOP et Tilenga, en Ouganda et Tanzanie (3), sont des cas symptomatiques de la stratégie d’expansion de Total, tout comme le méga projet gazier au Mozambique LNG qui pourrait être relancé malgré un contexte humanitaire et sécuritaire dramatique (4), l’exploitation des gaz de schiste en Argentine, ou encore les forages offshores au Sénégal, en Afrique du Sud, et en Papouasie Nouvelle Guinée.

Tous ces nouveaux projets d’énergies fossiles sont à contre-courant des recommandations des scientifiques et notamment du GIEC (6), comme de l’Agence internationale de l’énergie, qui indiquent clairement qu’il est impératif qu’ils ne voient pas le jour pour espérer rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement global.

Mais cet impératif immédiat est balayé par Total, dont le “plan climat” ne prévoit ni l’arrêt de ses investissements dans les pétrole et gaz, ni une sortie des énergies fossiles. La major a même appelé ses actionnaires à voter contre une résolution consultative déposée par 17 investisseurs et portant la demande élémentaire que Total se dote d’objectifs de baisse de toutes ses émission de gaz à effet de serre alignés avec l’Accord de Paris (7) Ce greenwashing, Total l’a renouvelé lors de son AG.

De plus, Total a assigné récemment Greenpeace France en justice (8) à propos d’un rapport concernant son bilan carbone publié en novembre 2022. “Après avoir entretenu le déni autour de l’impact de ses activités, puis la fabrique du doute sur la réalité du changement climatique (9), Total passe à l’attaque envers la société civile mobilisée pour le climat. Total tente de bâillonner les associations pour détourner l’attention, gagner du temps et faire oublier ses activités climaticides”, déclare Edina Ifticène, chargée de campagne énergies fossiles chez Greenpeace France.

Les demandes des activistes sont très claires. Elles sont fondées sur le consensus scientifique. Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France, conclut : “La seule stratégie climat crédible pour Total est la fin immédiate de tout nouveau projet d’énergies fossiles. Les bombes climatiques que Total est en train d’amorcer aux quatre coins du monde ne doivent pas voir le jour car chacune d’entre elles nous pousse vers un monde moins vivable. C’est le cas d’EACOP et Tilenga, mais aussi de Mozambique LNG. Cela implique également que les acteurs financiers complices des majors comme Total, et au premier rang desquels BNP Paribas et Crédit agricole, ferment les vannes de leurs soutiens mortifères”.

Pour Clémence Dubois, directrice adjointe des campagnes mondiales pour 350.org  : “D’un hémisphère à l’autre, nous mourons de canicules, d’incendies et d’inondations sans précédent : ceci n’est pas un accident. C’est précisément la manifestation de la cupidité illimitée de Total et l’industrie des combustibles fossiles. Ici, devant leur assemblée générale, nous adressons un message fort aux pouvoirs publics : voici l’argent nécessaire à l’isolation des logements ou au développement des énergies propres et abordables pour tous ! Nos politiciens et décideurs ne doivent pas permettre à l’industrie des combustibles fossiles de dicter l’agenda économique et politique à son seul profit.”

Après cinq heures de blocage et malgré la violence de la répression, la motivation des activistes reste cependant intacte.

J’agis avec Attac !

Je m’informe

Je passe à l’Attac !

En remplissant ce formulaire vous pourrez être inscrit à notre liste de diffusion. Vous pourrez à tout moment vous désabonner en cliquant sur le lien de désinscription présent en fin des courriels envoyés. Ces données ne seront pas redonnées à des tiers. En cas de question ou de demande, vous pouvez nous contacter : attacfr@attac.org