Jets privés : près de 50 000 citoyen·nes demandent aux député·es de les interdire !

mercredi 5 avril 2023, par Attac France, Extinction Rebellion, Rester sur Terre

Lancée il y a 3 semaines, la pétition pour l’interdiction des vols en jet privé a été signée par près de 50000 citoyen·nes. Ils et elles exhortent la représentation nationale à voter en faveur de la proposition de loi visant à faire cesser ces vols aux émissions disproportionnées et qui sont, pour la plupart, substituables par des moyens de transport moins carbonés. C’est une mesure de justice sociale qui, au-delà de son impact direct, permettra de renforcer l’adhésion de la population aux mesures indispensables au respect de l’Accord de Paris.

Jeudi 6 avril, à l’occasion de la niche parlementaire EELV, les député·es seront appelé·es à se prononcer sur l’interdiction des vols en jets privés. Plébiscitée par près de 50000 citoyen·nes, cette mesure serait une avancée en matière de justice sociale et climatique. Les passager·ère de ces vols émettent en effet 5 à 14 fois plus de C02 que ceux qui empruntent les avions commerciaux.

Le rapport de Greenpeace Europe paru le 30 mars confirme également que l’industrie des jets privés est en plein essor, malgré l’urgence climatique que vient souligner le dernier rapport du GIEC. Entre 2020 et 2022, les vols au départ de la France ont été multipliés par 4,6 pour atteindre un total de 84 885 décollages depuis le sol français et leurs émissions ont été multipliées par 8.

En outre, 70 à 80% des vols réalisés en jets privés pourraient être remplacés par un trajet en train. Pourtant, ils ne sont pas concernés par l’interdiction par la loi Climat et Résilience des vols courts réalisables en train en moins de 2h30. « Cette proposition de loi arrive dans un contexte d’urgence climatique sans précédent où chaque tonne de C02 non émise est vitale : interdire les vols en jet privé relève donc de l’évidence », réagit Lou Chesné, porte-parole d’Attac. « Si la proposition d’interdiction des vols en jet privé vient à être retoquée, c’est l’ensemble des efforts collectifs de transition qui sont freinés » ajoute Louise de Extinction Rebellion.

Pour répondre à la crise écologique, les scientifiques du climat nous exhortent à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Pour de nombreux usages, cela n’est pas chose facile car elles sont liées à nos besoins quotidiens. Selon le réseau international Rester sur Terre (Stay Grounded), en revanche, les vols en jet privé « ne bénéficient qu’à une poignée de privilégié·es et surchargent le budget carbone national alors même qu’ils ne sont pas nécessaires ». Pour Charlène Fleury, « ces vols sont le paroxysme de l’injustice climatique et sociale : ils permettent à certain·es de gagner quelques heures, au détriment de l’habitabilité de la planète pour toutes et tous ».

Selon le réseau Rester sur Terre, qui rassemble plus de 200 organisations à travers le monde, l’acceptabilité sociale de cette loi serait donc particulièrement forte, comme le montre l’annonce de l’aéroport d’Amsterdam Schiphol via un communiqué du 4 avril, lequel entend interdire les jets sur la plateforme aéroportuaire à compter de 2025-2026, et privilégier « l’humain ».

Dans une tribune parue le 4 avril dans Libération, plus de 70 scientifiques soulignent que la baisse radicale, rapide et soutenue des émissions de GES devrait être une priorité pour le gouvernement et que l’interdiction des vols en jets privés irait dans ce sens.

Dans ce texte, les scientifiques rappellent que cette interdiction ne sera pas suffisante pour réduire de manière significative les émissions de C02 du transport aérien, qui représentaient 6,8% des émissions du pays en 2019. Ils appellent la représentation nationale à prendre d’autres mesures fortes comme par exemple stopper les projets d’extension d’aéroport, mettre fin à l’exemption de taxes générales dont bénéficie le secteur, introduire une taxe pour les grands voyageurs et renforcer l’investissement dans des moyens de transport moins carbonés.

Communiqué commun Attac, Rester sur Terre, Extinction Rebellion, 05/04/23

La pétition pour interdire les jets privés

Mesdames et Messieurs les députés, ´

Le 6 avril prochain, vous aurez à vous prononcer sur l’interdiction des vols en jet privé : il est grand temps de les empêcher de nuire.

Les conclusions des scientifiques du climat sont sans appel : nous allons vers une catastrophe civilisationnelle si nous ne réduisons pas, dès maintenant et très rapidement, nos émissions de gaz à effet de serre. Pour de nombreux usages, ce n’est pas chose aisée : ces émissions sont intrinsèquement liées à notre vie de tous les jours : nous nourrir, nous chauffer, aller au travail. Ce n’est pas le cas des vols en jet privé. Hormis pour les usages répondant à une réelle utilité sociale comme les urgences médicales, nous pouvons largement nous passer de ce moyen de transport qui pollue sans commune mesure !

Aujourd’hui, 1 avion sur 10 décollant sur le sol français est un jet privé [1], alors que leurs passagers émettent de 5 à 14 fois plus de gaz à effet de serre qu’en avion de ligne et que cette industrie est en plein essor [2]. Pire, ils ne sont pas concernés par l’interdiction par la loi Climat et Résilience des vols courts réalisables en train en moins de 2h30, alors que des TGV existent sur 70 à 80% des itinéraires les plus empruntés en jet privé [3]. Est-ce cela, “l’esprit de justice sociale” promis par cette loi ?

Dans cette course contre la montre pour notre survie, chaque dixième de degré gagné, chaque tonne de CO2 non émise compte : commençons par les mesures dont l’acceptabilité sociale est forte ! Choqués par les allers-retours d’hommes et de femmes politiques [4] et autres personnalités [5], les Françaises et les Français en ont assez de voir le budget carbone national grevé par le comportement inconséquent d’une poignée de privilégiés, dont 1 vol équivaut à plusieurs mois d’émissions d’un Français moyen ! [6]

Cette mesure est un premier pas indispensable pour que l’ensemble des Françaises et des Français se sente concerné par les réductions d’émissions indispensables pour respecter l’Accord de Paris. De nombreuses études [7] le montrent : sans sentiment de justice, sans réduction des inégalités, il n’est pas possible d’exiger de l’ensemble de la population qu’elle fasse des efforts !

En outre, il faut réduire fortement les émissions sonores et atmosphériques de l’aviation commerciale qui sont le fait d’une toute petite minorité de privilégiés (seulement 1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions de ce secteur). En l’absence de solutions technologiques suffisantes à court ou moyen terme, cela ne peut être fait qu’en réduisant l’offre et la demande, par exemple en stoppant toute extension d’aéroport et en instituant une taxe progressive sur les grands voyageurs [8].

Mesdames et Messieurs les députés, en tant que représentants de la Nation, le 6 avril prochain, prenez une décision historique et de bon sens : interdisez les vols en jets privés !

Premiers signataires

Charlène Fleury (Rester sur Terre), Lou Chesné (porte-parole d’Attac France), Romain Morizot (Ingénieur Aéronautique), Capucine Saulpic (Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille), Stuart Page (Atterrissons d’urgence, Montpellier), Thierry Bitouzé et Airy Chrétien (Collectif citoyen 06, Nice), Yves Tuffet (Rester sur Terre), Erwan Sammier, Bernard Schéou (enseignant-chercheur), Jean Sireyjol (Association TaCa agir pour le Climat), Jean-Baptiste Dusson et François-Joseph Grimault (Résistance climatique), Florence Joly (Stop Extension Aéroport Marseille Provence, Marseille), Cannelle Dos Reis (Alternatiba Lille, Amis de la Terre Lille), Jean-François Julliard (Greenpeace France), Vincent Querre et Sabrina Marsant (Les Braises, lutte contre l’aéroport de Libourne/Saint Émilion), Gilliane Le Gallic (Alofa Tuvalu), Véronique Sinou (Les Amis de la Terre Bouches-du-Rhône), Kaïna Privet (Scientifiques en rébellion), Dominique Bonnet (Attac Aix-en-Provence), Zoé Pélegry (Action non-violente COP 21), Rémi Donaint (Alternatiba), Alexandre Gondran (Ingénieur des Études et de l’Exploitation de l’Aviation Civile, ENAC Toulouse), Chantal Beer-Demander (UFCNA), Pascal Gassiot (Collectif PAD - Pensons l’Aéronautique pour Demain - Toulouse), Lucie Chhieng (parole-parole d’Alternatiba Paris), Jérôme Favrel (CCNAAT), Dominique Lazarski (présidente de l’UECNA - Union européenne contre les nuisances aériennes et de l’ADERA pour la protection des riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé).


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