En ce mois de mai, les conséquences dramatiques du réchauffement climatique se font ressentir, avec des inondations meurtrières en Italie ou des méga-feux au Canada, alors qu’en France les nappes phréatiques sont à des niveaux historiquement bas, faisant craindre une sécheresse inédite. Selon l’Organisation météorologique mondiale, il y a 98% de chances qu’au moins une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée.

Dans ce contexte, alors que nous devons collectivement et individuellement réduire nos émissions de gaz à effets de serre, le Festival de Cannes est un spectacle indécent, avec ses stars arrivant en jet privé avant d’aller prendre l’apéro sur un yacht. Alors que nous sommes déjà frappés par les conséquences du dérèglement climatique et qu’on demande aux classes populaires et moyennes de faire des efforts de sobriété énergétique, il n’est pas compréhensible que les stars et les milliardaires s’exonèrent des efforts collectifs et donnent à voir leur mode de vie irresponsable.

« Il y a des dizaines de yachts de luxe amarrés dans les ports autour de Cannes [...]. Tous plus gros, plus inutiles et plus polluants les uns que les autres », selon le collectif Yacht CO₂ tracker, qui traque ces yachts pendant le Festival de Cannes, et qui a calculé que « pour 1 heure de croisière, un yacht consomme ce que nous devrions consommer en une année par personne pour être sur une planète habitable ».

Parmi les yachts amarrés à Port Canto durant le Festival, le Montkaj avec ses 78 mètres de long et ses 800 litres de diesel par heure de navigation, le Idol de l’héritier milliardaire Thomas Leclercq, qui a émis 340 tonnes de CO₂ depuis le début de l’année, ou encore le Why Not U, qui consomme la bagatelle de 2000 litres de diesel par heure avec sa turbine à gaz.
Yacht CO₂ tracker a calculé que les 41 yachts de luxe présents aujourd’hui à Port Canto consomment au total 32 000 litres de diesel par heure, ce qui représente l’émission de 85 tonnes de CO₂ par heure, soit 3700 fois plus que ce que devrait émettre une personne selon les recommandations du GIEC.

Comment peut-on demander des efforts aux plus modestes si en même temps on laisse les ultra-riches détruire la planète avec leur mode de vie ostentatoire ?

De plus, non seulement les méga-yachts ont une empreinte carbone démesurée, mais ils sont immatriculés avec des pavillons de complaisance dans des paradis fiscaux et échappent donc à l’impôt.

Il est inacceptable de constater qu’aujourd’hui, les modes de transport ultra-polluants sont encouragés par les pouvoirs publics, via des exonérations fiscales. Il faut donc dans un premier temps mettre fin aux subventions aux énergies fossiles, en augmentant la taxation du fuel des yachts et en taxant les vols en jets privés selon le principe pollueur-payeur.

Afin de mettre à la sobriété les ultra-riches, nous proposons d’interdire les jets privés et les méga-yachts.
Enfin, la lutte contre le dérèglement climatique nécessite de réduire massivement les inégalités, ce qui implique des mesures fiscales comme le rétablissement d’un impôt sur la fortune, le renforcement de la progressivité de l’impôt ou la lutte contre l’évasion fiscale.