Chaque année, les sports d’hiver sont responsables de l’émission de 800 000 tonnes de CO2. Dévaler les pistes à grande vitesse ou simplement profiter de son spa d’altitude ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. On peut évoquer l’artificialisation des sols, la déforestation et destruction des habitats naturels, la pression sur les ressources en eau, etc... Or, c’est le transport qui représente la plus grande part des émissions liées au ski : selon une étude réalisée par l’Association nationale des maires de stations en montagne (ANMSM) et l’ADEME, 57% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’un séjour aux sports d’hiver proviennent du transport des vacanciers, contre 2% pour le ski lui-même, ses canons à neige et remontées mécaniques(1).
Dans un monde où les enjeux climatiques devraient être au cœur des préoccupations, voyager en avion vers les stations de ski est une aberration écologique et sociale. Un Londonien qui se rend dans nos montagnes françaises en avion et en taxi émet 12 fois plus de CO2 que s’il venait en train et en bus(2). Selon les données portant sur l’année 2022-2023, près de 30% de la fréquentation touristique d’hiver est assurée par des étrangers, en particulier des Britanniques et des Belges(3). Ce sont ainsi près de 169 000 passagers qui ont transité par l’aéroport de Chambéry pendant la saison 2022-2023, via les lignes régulières et les jets privés.(4) Imaginez les émissions de GES qui pourraient être évitées si l’usage de l’avion était
limité !
À cela s’ajoutent les impacts concrets sur la qualité de vie des riverain·es de l’aéroport, et plus largement du Lac du Bourget et de Chambéry, tant en hiver avec l’activité « sports d’hiver » qu’en été avec les vols incessants pour le parachutisme. L’aéroport de Chambéry génère une pollution atmosphérique, visuelle et sonore sur le territoire, pour satisfaire une clientèle « haut de gamme ». En effet, 43% des passagers sont de catégorie socio-professionnelle supérieure(5). Ces conséquences néfastes sur la qualité de vie des savoyards ne leur amènent que peu de retombées économiques, surtout partagées entre Vinci - gestionnaire de la plateforme jusqu’en 2029 - et ses actionnaires, les compagnies aériennes et les stations de ski.
Le transport représente la plus grande part des émissions liées au ski, mais cette industrie n’est pas néfaste que d’un point de vue « carbone ». En effet, l’aménagement des pistes implique l’abattage d’arbres et la modification des reliefs, détruisant ainsi la biodiversité. Rien qu’en Savoie, plusieurs centaines d’espèces présentes sont menacées à divers stades, certaines en danger critique de disparition, et pour d’autres, déjà officiellement éteintes.(6) De plus, le damage des pistes fragilise le sol et empêche la régénération naturelle de la végétation, favorisant l’érosion et les glissements de terrain. Et en France, l’enneigement artificiel représente 20 % de la consommation en eau des Alpes, ce qui accentue les tensions sur les réserves hydriques locales.(7) C’est donc tout un modèle à repenser, à commencer par l’accessibilité à nos montagnes ! L’activité de l’aéroport de Chambéry Savoie Mont-Blanc est incompatible avec l’urgence écologique et renforce les inégalités sociales et économiques.
L’aéroport permet à l’industrie du ski de développer une offre luxe à destination des étrangers, augmentant toujours plus les prix et rendant les pistes inaccessibles aux locaux. Il faut repenser nos activités et nos infrastructures à la lumière des enjeux de ce siècle. Si prendre des mesures radicales concernant le transport aérien est une nécessité pour être à la hauteur de la crise écologique, c’est aussi un moyen efficace pour réduire les disparités qui minent notre pays.
Par cette action non-violente, en bloquant l’accès à l’aéroport, les militant·es s’opposent à l’industrie aéroportuaire du ski, polluante et réservée à une clientèle aisée. Iels souhaitent ainsi visibiliser l’accessibilité des domaines de montagne comme un défi majeur pour rendre le tourisme d’altitude plus vertueux sur le plan écologique. À l’échelle nationale et locale, des solutions pourraient être envisagées. La mise en place de davantage de moyens de transports collectifs propres, par exemple.
Nos revendications :
- Arrêter l’activité commerciale et de loisirs de l’aéroport de Chambéry Savoie Mont-Blanc (jets, charters, parachutisme) ;
- Réduire drastiquement le recours au transport aérien aux rares cas d’extrême nécessité ;
- Taxer lourdement les carburants utilisés en aviation ;
- Réaffecter ces moyens vers la promotion et dans l’investissement des transports moins polluants ;
- Généraliser les offres de transport « train + bus » pour se rendre en station ;
- Accompagner la reconversion des salarié·es du secteur aérien et des sports d’hiver pour préparer la Savoie au futur
Nous invitons enfin toutes les personnes à rejoindre les mobilisations locales pour multiplier ces opérations non violentes, festives et porteuses de valeurs puissantes dans notre combat pour la sauvegarde du vivant, et remercions l’ensemble des participant·es pour leur force et leur bienveillance.
Sources :
(1) https://groupe-ecomedia.com/infographie-le-bilan-carbone-des-stations-de-ski/
(2) https://utopies.com/publications/etude-quelle-empreinte-carbone-pour-une-journee-au-ski/
(3) Domaines skiables de France
(4) https://www.vinci-airports.com/fr/nos-aeroports/france/aeroport-chambery-savoie-mont-blanc/
(5) https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/DGAC_Enquete_passagers_aeriens_2023_vf.pdf
(6) https://www.savoie.fr/web/sw_52147/Ose73/Labiodiversite
(7) https://energic.io/blog/l-impact-environnemental-du-ski/