Taxe sur les transactions financières : « Emmanuel Macron doit cesser son double discours »

jeudi 29 juin 2017, par Collectif

Le 6 juin, lors d’une rencontre à l’Elysée avec des organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans la lutte contre le changement climatique, Emmanuel Macron a souhaité apparaître comme un chef d’État exemplaire sur ce sujet. Une de ses promesses phares est de mettre en place la taxe sur les transactions financières (TTF) européenne avant la fin de l’été. Après l’annulation, à la fin de mai, à la demande de la France, de la réunion des dix pays souhaitant l’instaurer, ce revirement était bienvenu.

Au moment où le président Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et proposait une coupe drastique de l’aide au développement américaine, le président Macron semblait enfin avoir compris que la TTF, française comme européenne, est un instrument clé pour financer la solidarité internationale et lutter contre le réchauffement climatique.

Mais lors du Conseil européen qui s’est tenu les 22 et 23 juin, M. Macron a opéré un nouveau revirement en remettant en question sa volonté de conclure la TTF cet été, à cause du Brexit.

Soutien de l’opinion publique

Car près de dix ans après l’une des pires crises financières, les lobbies financiers continuent de s’opposer à la taxation des transactions financières, alors que cette mesure est soutenue par une large partie de l’opinion publique. Ils feront tout pour bloquer ou réduire la portée de l’accord européen enfin en vue après plus de cinq ans de négociations.

C’est le second enjeu de la TTF : montrer qu’une coopération renforcée entre dix États membres, dont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, permet d’adopter une mesure qui contribuera à réduire l’instabilité financière et bénéficiera au plus grand nombre. Si le président Macron concrétise son engagement, il traduira en acte la volonté affichée tout au long de la campagne présidentielle de relancer la coopération européenne.
Parmi les plus farouches adversaires de la TTF, les banques sont vent debout contre une taxe dont l’objectif est aussi de lutter contre la spéculation au cœur de leurs activités les plus toxiques. Voulant profiter du Brexit, les places financières de Paris et de Francfort cherchent à prendre des parts de marché à la City britannique.

L’idée d’une TTF leur est intolérable. Pourtant, leurs arguments ne tiennent pas car, avec ou sans TTF, les banques n’abandonneront jamais le marché des dix pays européens souhaitant l’instaurer : à lui seul, il représente près de 90 % du PIB de la zone euro.

Double discours

Emmanuel Macron doit donc cesser son double discours sur la TTF et choisir : pliera-t-il face aux arguments fallacieux de la finance ? Ou bien va-t-il prendre le parti de la planète et des millions de citoyens européens qui soutiennent la TTF ?

Nous attendons qu’Emmanuel Macron clarifie sa position en insérant la TTF française et européenne dans la feuille de route « climat » du gouvernement qui doit être dévoilée au début de juillet et en adoptant, lors de la réunion des ministres des finances européens du 11 juillet, l’accord préparé par l’Autriche.

Il pourrait également inviter les neuf États européens engagés dans cette coopération renforcée à un sommet sur l’affectation des revenus de la TTF, notamment à la solidarité internationale et à la lutte contre le changement climatique.

Tribune parue dans Le Monde, le 28 juin 2017.

P.-S.

Les signataires

  • Pascal Canfin, directeur général du WWF ;
  • Claire Fehrenbach, directrice générale d’Oxfam France ;
  • Philippe Jahshan, président de Coordination SUD ;
  • Cécile Ostria, directrice générale de la Fondation pour la nature et l’homme ;
  • Pierre Perbos, président du Réseau action climat ;
  • Dominique Plihon, porte-parole d’Attac ;
  • Bruno Rivalan, directeur France d’Action santé mondiale ;
  • Friederike Röder, directrice France de ONE.

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