Des prix Nobel de la Paix comme Adolfo Perez Esquivel, Desmond Tutu, Jody Williams et d’autres personnalités internationales comme Mireille Fanon-Mendes-France, Susan George, Vandana Shiva et Jean Ziegler ainsi que des organisations défendant les droits humains et environnementaux comme l’Association Internationale des Juristes Démocrates, les Amis de la Terre, Attac, Endecocide on Earth, la Fondation France Libertés, Sherpa et l’lnstitut Transnational lancent un appel pour mettre fin aux violations des droits humains et environnementaux par les industries extractives transnationales. Initié par les communautés indigènes et paysannes affectées par les opérations pétrolières par Chevron Texaco en Amazonie équatorienne, l’appel s’appuie notamment sur le cas Chevron, connu comme le « Tchernobyl de l’Amazonie ».
Ce cas est devenu emblématique, de par la gravité des dommages causés, le montant de la sentence (9,5 milliards de dollars), l’ampleur du procès et, surtout, la durée de 21 ans de lutte de 30 000 paysans et indigènes contre l’une des transnationales la plus puissante et la plus irresponsable du monde. Cette dernière a promis de poursuivre les victimes jusqu’à ce que « l’enfer se couvre de glace » et refuse toujours de payer le montant de la sentence pour réhabiliter les dommages causées. Aujourd’hui ce combat a atteint une portée mondiale, les victimes se battent dans le cadre des juridictions nationales en Argentine, au Brésil et au Canada pour faire payer la compagnie. L’année dernière, elles ont même porté plainte contre le PDG de Chevron à la Cour Pénale Internationale (CPI).
Le 27 mai 2015, Humberto Piaguaije, représentant des communautés indigènes et paysannes de l’UDAPT (Union des victimes de Texaco-Chevron) en Amazonie équatorienne remettra cet appel aux actionnaires lors leur Assemblée générale aux États Unis. Dans ce cadre, il s’adresse tout particulièrement aux investisseurs leur demandant d’exiger la transparence dans les activités des corporations transnationales et de s’opposer aux violations des droits humains et de l’environnement commises par ces compagnies qu’ils financent. Ne pas le faire revient à être complices. En effet, combien de salariés connaissent et sont conscients des dommages causés par les transnationales qui sont financées par leurs caisses de pension ?
Aujourd’hui le combat international des communautés affectées par Chevron d’Amazonie se joint aux luttes des populations qui subissent les violations des droits humains et de l’environnement des industries extractives transnationales à travers le monde. Ce cas emblématique montre également la détermination et le courage des populations affectées de résister et d’exercer leurs droits face à l’une des plus grands transnationales du monde. Les personnalités et organisations de la société civile appellent les différents acteurs (investisseurs, magistrats, gouvernements, organisations non gouvernementales, organismes régionaux et internationaux) à rester vigilants à la résolution de ce cas qui a dévoilé l’impunité dont bénéficient ces compagnies. Son issue constituera un précédent déterminant pour tous ceux et celles qui se battent pour obtenir justice et réparation.