Désarmons les banques et les multinationales

lundi 9 décembre 2013, par Attac France

Il y a 15 ans, dans son édito du Monde Diplomatique de décembre 1997, Ignacio Ramonet appelait à la création d’une vaste mobilisation citoyenne pour désarmer les marchés. Ainsi est née Attac, dont le succès fulgurant avait alors cristallisé l’indignation citoyenne.

Indignation face la brutalité des spéculateurs qui, lors de la crise asiatique, plongèrent des économies entières dans l’abîme.

Indignation face à l’impunité des multinationales, capables d’imposer partout leur loi inique, faite de privatisations et de reculs démocratiques, écologiques et sociaux.

Indignation face à l’indigence des gouvernements qui ont accompagné ce mouvement et qui négociaient secrètement au sein de l’OCDE un Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) faisant passer les droits des investisseurs et des marchés avant la démocratie…

La naissance d’Attac s’inscrivait dans un mouvement global de résistance face à la mondialisation néolibérale : blocage du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, en 1999, manifestation de Gênes face au G8, en 2001, forums sociaux et contre-sommets partout dans le monde…

Depuis, comment résumer en quelques lignes quinze ans de luttes, quinze ans d’hésitations et d’espoirs, de défaites, mais aussi de victoires ? Car des victoires, il y en eut : l’abandon de l’AMI, le déraillement des négociations de l’OMC sous la pression citoyenne, ou encore le non à l’Europe néolibérale après une campagne exemplaire d’éducation populaire. Et surtout, en quinze ans, les revendications d’Attac se sont imposées comme de véritables solutions jusqu’au plus haut niveau. C’est le cas pour notre mesure fondatrice : la taxe sur les transactions financières, même si les propositions de mises en œuvre restent édulcorées.

Et pourtant, il reste bien du chemin pour désarmer les marchés. Les multinationales sont toujours aussi puissantes avec, face à elles, des gouvernements qui n’ont qu’une obsession : satisfaire leurs exigences toujours plus destructrices. Sous prétexte de compétitivité, la destruction de la nature et des solidarités sociales se poursuit, tandis que l’Europe est lancée dans une fuite en avant austéritaire qui contribue au succès d’un fascisme renaissant. Malgré le réchauffement climatique, la nécessaire transition écologique est, elle, sans cesse repoussée au nom de ces impératifs supérieurs.

Quinze ans après l’AMI, l’Union européenne et les États-Unis négocient désormais un accord transatlantique qui en reprend les grandes lignes. Il donnerait la possibilité aux multinationales de dénoncer devant des tribunaux privés les réglementations écologiques, sociales et sanitaires mises en place démocratiquement par des États. A la clé, de lourdes amendes pour les gouvernements qui prendraient des mesures non compatibles avec la loi du profit maximum, comme, par exemple, un moratoire sur les gaz de schiste, l’interdiction des OGM ou des viandes aux hormones.
Enfin, malgré la plus grande crise financière depuis 1929, les banques et les marchés financiers ne sont toujours pas sous contrôle. Au contraire, le lobby bancaire semble plus puissant que jamais : à peine « sauvées » de la faillite via des garanties publiques ou l’injection massive d’argent public, les banques ont recommencé à spéculer, notamment… sur les dettes publiques. Le renversement est spectaculaire. Ce sont elles, désormais, qui dictent leurs exigences aux gouvernements qui ne parlent que de « rassurer les marchés financiers »… et certainement pas remettre en question leur pouvoir démesuré !

Le tableau pourrait sembler bien noir. Et pourtant, l’espoir subsiste : comme il y a quinze ans, des mouvements se lèvent partout dans le monde face à la brutalité de cette seconde offensive néolibérale. Du Moyen-Orient au Brésil, en passant par la Turquie, le Canada ou les États-Unis, de vastes mouvements citoyens émergent pour dénoncer l’accroissement généralisé des inégalités sociales. En Europe, des résistances se construisent contre les politiques austéritaires unanimement réprouvées. Partout dans le monde, la contradiction entre exigences démocratiques et domination des multinationales et marchés financiers n’a jamais été aussi évidente.

Dans ces conditions, il suffit parfois d’une étincelle pour que l’indignation se transforme en action. Quinze ans après, désarmer les marchés, désarmer les banques, les multinationales et leurs obligés sont des exigences plus que jamais d’actualité. Comment faire ? Comment désarmer la résignation et permettre l’émergence de vastes mobilisations citoyennes à même de rompre avec un système néolibéral à bout de souffle ? En contribuant, partout, à notre échelle, à produire des étincelles. C’est notre modeste ambition pour l’année à venir. 

Dans cette perspective, le coup d’envoi d’une large campagne citoyenne ciblant les banques et les multinationales sera donné à l’occasion d’une soirée festive le 15 novembre prochain pour les 15 ans d’Attac France.

Tout au long de l’année 2014, nous proposerons des actions locales et nationales pour faire plier les banques et les multinationales sur la base d’exigences concrètes pour une véritable reconquête du pouvoir citoyen.

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