Début décembre 2012 à Doha, les négociations onusiennes sur le climat se sont enlisées et n’ont abouti à aucun accord contraignant sur l’émission des gaz à effet de serre, condamnant la planète à une augmentation importante de sa température et à des conséquences désastreuses pour les populations. Le développement des transports aériens n’est certainement pas un projet d’avenir.
Le président de la République, François Hollande, souhaite une France « exemplaire en matière de transition écologique » et veut accueillir la conférence de l’ONU sur le climat en 2015. L’ exemplarité est incompatible avec l’expansion du trafic aérien.
Ce projet d’aéroport, grand projet inutile et imposé, constitue un énorme gâchis tant humain et social que financier et environnemental : il va chasser des habitants de l’endroit où il sont depuis toujours et d’autres, venus construire des alternatives soutenables, opposés aux modèles industriel et de transport qui nous mènent dans le mur.
Par ailleurs, à un moment où le gouvernement veut mettre en œuvre une politique d’austérité, comment justifiera-il de gaspiller des centaines de millions d’euros pour construire un aéroport dont il ne peut démontrer l’utilité sociale ?
Politiques d’austérité pour la majorité de la population, financements sans limite pour les grandes entreprises et leurs grands projets inutiles ?
Sur le plan écologique, ce projet aura un coût considérable ; il détruirait les 1 600 hectares de terres agricoles et de bocage prévus pour la construction de l’aéroport, mais aussi des dizaines de milliers d’autres pour les zones commerciales et industrielles qui s’implanteraient sur les 20 kilomètres séparant Notre-Dame-Des-Landes de Nantes. Cela réduirait la production maraîchère de proximité, la production agricole et la biodiversité. La zone de construction est contraire à la loi sur l’eau et à la directive cadre européenne, ainsi qu’au SDAGE Loire-Bretagne, les zones humides artificialisées ne pouvant être compensées en taille équivalente sur le même bassin versant comme le prévoit la loi.
Projet conçu dès les années 1960, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est devenu en 2012 un conflit politique national.
L’association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (ACIPA) a démonté point par point les arguments avancés et souligné les carences et mensonges des expertises officielles. Des recours juridiques ont été déposés.
Un cabinet de conseil hollandais spécialisé dans les questions environnementales alerte sur les risques de déficit du projet de 90 à 600 millions ; le coût initial de 561 millions est pris en charge pour 130,5 millions d’euros par l’État et 115,5 millions par les collectivités territoriales. Il conclut que l’optimisation de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique apparaît bien plus adaptée que la construction d’un nouvel aéroport.
Les formes d’action se sont multipliées, tant dans la réoccupation sur place des terrains et des habitations que dans des actions de popularisation de la résistance : conférences de presse, réunions d’information, manifestation en tracteurs et vélos de Nantes à Paris en 2011, forum de convergences avec d’autres luttes européennes contre divers grands projets inutiles et coûteux à l’été 2012, grève de la faim au cœur de Nantes...
La résistance de la ZAD canalise actuellement toutes les énergies. La ZAD, zone d’aménagement différé, rebaptisée zone à défendre a été investie par de nombreuses personnes qui y vivent et mettent en œuvre de multiples pratiques alternatives. C’est cette zone qui fait l’objet d’expulsions d’habitants et de destruction de maisons, de cultures, de terres par les forces dites de l’ordre, qui y ont déchaîné un tsunami de violence. Depuis des semaines maintenant, la ZAD est défendue avec autant de détermination que de diversité dans les formes de lutte. La résistance s’appuie sur un énorme soutien qui s’amplifie jour après jour.
Preuve du caractère national qu’a pris le conflit, des dizaines de milliers de manifestants le 17 novembre dernier, accompagnés de centaines de tracteurs, sont venus manifester leur solidarité à ceux qui, sur place, s’opposent au saccage de terres agricoles et de bocages.
Avec les paysans et les habitants de la région, des citoyens de tout l’hexagone et même de plus loin se joignent à la résistance à ce grand projet inutile et imposé. Ils ont compris que les revendications portées sur ces terres vont bien au-delà de la seule défense d’un territoire.
De même que le Larzac était devenu en 1973 un symbole du refus du militarisme et de la lutte conjointe des paysans et des ouvriers de Lip contre une société injuste et autoritaire, Notre-Dame-des-Landes traduit le rejet de l’exploitation toujours plus féroce des êtres humains et de la nature au nom de la rentabilité des capitaux.
La résistance contre le géant de la construction Vinci marque le refus du règne des entreprises multinationales et de l’industrie financière, avec la complicité de l’État.
Notre-Dame-des-Landes est un creuset des mouvements paysans, écologistes, altermondialistes et citoyens contre cette expropriation violente et la marchandisation du monde au nom du progrès.
Attac appelle ses adhérent-e-s à rejoindre les collectifs locaux et à participer aux actions et manifestations d’opposition à ce projet, incompatible avec la nécessaire et urgente transition écologique.
La mobilisation s’élargit et s’organise. Les comités de soutien, qui se sont constitués ces dernières semaines au nombre déjà de 200, ont tenu leur première coordination le week-end des 15 et 16 décembre, où 150 d’entre eux étaient représentés. De nombreuses initiatives sont en préparation, notamment une chaîne humaine autour de la ZAD le 11 mai 2013 et un rassemblement de très grande ampleur les 3 et 4 août.