Restons mobilisés pour empêcher la privatisation d’Aéroports de Paris

jeudi 12 mars 2020, par Attac France

Ce 12 mars s’achève la collecte de signatures pour organiser un référendum sur la privatisation des Aéroports de Paris : plus d’un million de signatures ont été récoltées malgré les nombreux obstacles. C’est le moment choisi par le gouvernement pour annoncer la suspension de cette privatisation, qui « ne saurait se poser dans l’immédiat compte tenu des conditions » du marché. Si le contexte rend effectivement toute privatisation d’ADP inconcevable, Attac appelle à ce que le projet de privatisation soit purement et simplement abandonné, et pas seulement suspendu, et à réviser la procédure de référendum d’initiative partagée pour la rendre plus démocratique.

Depuis juillet 2019, nous avons été des milliers à recueillir les signatures pour exiger un référendum sur la privatisation des aéroports de Paris via la procédure du référendum d’initiative partagée (RIP). En étant présent-e-s sur les marchés, dans nos quartiers, dans les manifestations, nous avons collectivement réussi à obtenir plus d’un million de signatures en faveur de la tenue d’un referendum.

Pourtant, les obstacles ont été nombreux : le gouvernement a simplement refusé de mener un travail minimum d’information pour faire connaître cette première expérience du RIP et les enjeux autour de la privatisation, tout en multipliant les obstacles et dysfonctionnements techniques (site internet, etc.) dans la collecte de signatures. Voilà sans doute l’une des raisons majeures de l’extrême difficulté à récolter un nombre suffisant de signatures (10 % du corps électoral soit 4,7 millions de signatures) pour déclencher le RIP.

Dans ces conditions, nous pouvons être particulièrement fier-e-s du résultat : dépasser le million de signatures n’a pas été une mince affaire. Au printemps dernier, faisant suite au mouvement et revendications des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir abaisser ce seuil à 1 million de signatures : puisque ce seuil est atteint, qu’il organise donc un tel referendum sur la privatisation d’ADP !

Le recueil de plus d’un million de signatures et les engagements passés d’Emmanuel Macron justifient de réviser en profondeur la procédure de référendum d’initiative partagée : le seuil de signatures soit être abaissé à un million de signatures, la collecte ne peut être placée sous la responsabilité du gouvernement mais doit relever d’un organisme indépendant et, a minima, tout devrait donner lieu à une campagne publique, avec des accès aux médias de manière transparente et démocratique, afin que le plus grand nombre ait accès à l’information requise.

Rappelons que :

  • ADP est une entreprise dans laquelle l’État est actionnaire majoritaire. Elle contrôle les 14 aéroports et aérodromes civils de région parisienne. Il s’agit donc d’une infrastructure stratégique qu’il serait dangereux de confier aux mains du privé.
  • Privatiser ADP (concession de 70 ans au privé), c’est offrir des millions d’euros à des entreprises privées et favoriser ainsi les profits de leurs actionnaires, en privant les finances publiques, et donc les services publics, de sommes considérables.
  • ADP possède 6 700 hectares de terres (dont 1 300 hectares destinés à des opérations immobilières). Privatiser ADP, c’est soumettre ces terres à une spéculation féroce, qui pèserait encore plus sur les populations les plus pauvres comme sur les milieux naturels.
  • Privatiser ADP, c’est renoncer à préserver des terres agricoles et à conduire une politique d’aménagement du territoire dans le sens de l’intérêt général. Cela ne ferait qu’aggraver les menaces sur les écosystèmes déjà largement attaqués par les sites aéroportuaires.
  • Privatiser ADP, c’est abandonner toute politique de régulation plus stricte du trafic aérien et d’encadrement des projets d’aménagement autour des aéroports d’Île-de-France. La défense du climat nécessite ces régulations.

L’annonce du gouvernement consistant à suspendre, pour l’instant, la privatisation d’ADP ne doit pas conduire à nous faire oublier que la Loi Pacte et les articles donnant la possibilité au gouvernement de descendre sous la barre des 50 % du capital d’ADP restent en vigueur et pourront être mobilisés à tout moment par ce gouvernement ou les suivants. Par ailleurs, les projets du gouvernement visant à privatiser ou ouvrir le capital d’entreprises publiques ne se limitent pas à ADP.

Si le contexte économique et financier rend effectivement toute privatisation d’ADP inconcevable, Attac considère que rien ne justifie, pas plus hier qu’aujourd’hui ou demain, une nouvelle privatisation, d’autant plus dans un secteur situé au cœur de la mondialisation libérale. Attac exige donc la tenue de ce référendum, pour faire en sorte que le projet de privatisation soit purement et simplement abandonné, et pas seulement suspendu, ainsi qu’une profonde révision de la procédure de référendum d’initiative partagée.

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