Mais qu’en est-il des émissions de GES qui ne cessent d’augmenter de manière exponentielle alors que d’après les recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), celles-ci ne devraient plus augmenter après 2015 pour maintenir la température globale en deçà de +2°C ? Ne soyez pas si inquiets... Le développement des marchés carbone et l’investissement massif dans les technologies vertes permettront de contenir la crise climatique en offrant au passage de nouvelles opportunités économiques à nos chères entreprises multinationales !
Voici en tout cas la voie dans laquelle s’enfoncent les négociations climatiques et plus largement environnementales : il ne s’agit pas de s’attaquer aux réelles causes de la crise écologique (les dérèglements climatiques, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources ou la pollution) car le système capitaliste productiviste ne peut s’accommoder de limites écologiques qui borneraient sa logique de croissance et d’accumulation. La solution n’est surtout pas de se soumettre aux limites écologiques mais au contraire de soumettre la nature elle-même à la logique de l’économie capitaliste. Dans le vocable de la diplomatie environnementale, cela s’appelle « la gestion durable des ressources naturelles » : elle consacre une place prépondérante aux acteurs privés et au marché, considéré comme le meilleur moyen d’allouer efficacement ces ressources naturelles. Quant à la responsabilité du système économique capitaliste dans la grave crise écologique, avec ses conséquences dramatiques pour les populations les plus vulnérables, celle-ci ne semble nullement inquiéter nos dirigeants agissant toujours plus sous la houlette des grands lobbies industriels.
L’histoire se répète : à chaque crise, qu’elle soit de nature économique, financière, écologique, sociale, etc., nos dirigeants nous vendent les mêmes solutions que celles nous ayant conduit à la crise, en poussant toujours plus loin la logique de privatisation et de marchandisation du monde... Aujourd’hui, c’est au tour de la nature de se voir marchandisée, permettant ainsi un nouveau champ d’extension du capitalisme à travers l’appropriation du vivant, l’accaparement des biens naturels communs et la création de nouveaux marchés. Et pendant que le processus d’accumulation du capital est sauvé, la grande majorité de la population se voit dépossédée et expropriée de ses ressources tout en subissant de plein fouet les conséquences de la crise écologique.
Dès lors, qu’attendre du prochain Sommet de la Terre des Nations unies qui se tiendra à Rio de Janeiro (Brésil) du 20 au 22 juin 2012 ? Il n’y a aucune illusion à se faire quant à l’issue de ce sommet d’ores et déjà placé sous le signe de « l’économie verte », entendue comme la soumission de la nature à la logique économique de rentabilité. Par contre, nous devons tous ensemble résister à cette nouvelle offensive de marchandisation de la planète au service du capital et au détriment du sort de milliards d’êtres humains. C’est pourquoi nous avons répondu présents à l’appel des mouvements brésiliens. « Venez réinventer le monde à Rio +20 », pour construire ensemble un processus de mobilisation internationale allant de l’Alter-forum de Nice contre le G20 au « Sommet des peuples pour la justice sociale et environnementale » qui se tiendra à Rio du 15 au 22 juin 2012. Ce Sommet des peuples devra être l’occasion pour nos mouvements de se réunir, dans leur diversité, afin de partager et de faire converger nos luttes et résistances contre le système dominant, de refuser la marchandisation du monde, et de construire de « nouveaux paradigmes de société fondés sur la défense de la vie et des biens communs ».