Une crise sociale d’autre part qui taraude nos sociétés depuis des décennies maintenant : un chômage de masse, avec les conséquences sociales et économiques pour les chômeurs et chômeuses évidemment et, au-delà, pour toute notre société pression à la précarité pour tou·te·s, chantage au chômage pour les salarié·e·s en poste, attaques contre nos systèmes de protection sociale au prétexte de défendre l’emploi via la « compétitivité du coût du travail », etc.
La création massive d’emplois « climatiques », c’est-à-dire dans les secteurs nécessaires à une transition écologique est une réponse à cette double crise. L’Accord de Paris, signé en décembre 2015 et entré en vigueur en novembre 2016, l’affirme dans son préambule : la lutte contre le réchauffement climatique doit tenir compte « des impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national ». Intervenir sur le travail et l’emploi est en effet crucial pour accélérer la lutte contre les changements climatiques, permettre une transition juste et créatrice d’activités qui donneront du sens au travail nécessaire pour l’accomplir.
Nous avons besoin de transformer notre appareil de production et de créer de nouvelles activités, plus intensives en emplois et moins en capital, dans les secteurs nécessaires à la transition écologique, de la rénovation énergétique à l’agriculture paysanne, des transports à l’énergie, mais aussi dans l’éducation, la formation, la culture…
Mais dans une société rongée par le chômage, les inégalités sociales et l’austérité, faire de la lutte contre les dérèglements climatiques une priorité ne va pas de soi. Pour être compris, les enjeux croisés de la justice climatique et de la justice sociale nous imposent de répondre à des questions : quels seront les effets de la transition écologique sur le niveau d’emploi ? Comment assurer les reconversions nécessaires ? Comment protéger les salarié·e·s, sécuriser leurs parcours et leurs revenus ? Que devons-nous produire et qui le décide ? Comment produire ? Comment financer et qui paye ? Quels emplois climat ? Pour quel mode de vie ?