Rapport « Un million d’emplois climat »

Ce rapport est publié par des membres de la Plateforme emplois-climat [1], lieu ouvert d’échange, de débat et de propositions sur les sujets liant les enjeux de la transition écologique avec ceux de l’emploi, de la reconversion et de la formation. Elle rassemble des syndicats et des associations environnementales, sociales et d’éducation populaire. Avec ce rapport la Plateforme emplois-climat souhaite mettre en débat une proposition de création d‘un million d’emplois pour le climat qui permet de lier ces deux transitions « sociale et écologique ».

Introduction : Traduire en actes les engagements de l’Accord de Paris

Les chefs d’État et de gouvernement du monde entier se sont engagés lors de la COP 21 à tout mettre en œuvre pour contenir le réchauffement climatique mondial largement en dessous de 2°C, et même, idéalement, en dessous de 1,5°C, pour éviter des impacts dangereux des changements climatiques. Cet engagement ne fait que souligner l’urgence d’une transition écologique qui nécessite de sortir du productivisme, de repenser le système productif et donc le travail et les emplois afférents.

L’Accord de Paris, signé en décembre 2015 et entré en vigueur en novembre 2016, l’affirme dans son préambule : la lutte contre le réchauffement climatique doit tenir compte « des impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national ». La réflexion sur le travail et l’emploi est en effet cruciale pour accélérer la lutte contre les changements climatiques, permettre une transition juste et créatrice d’activités qui donneront du sens au travail nécessaire pour l’accomplir.

Et cela d’autant plus que dans son rapport de 2006, Nicholas Stern, ancien responsable de la Banque mondiale, avait souligné que le réchauffement climatique pourrait coûter jusqu’à 5 500 milliards d’euros et détruire des dizaines de millions d’emplois si les gouvernements ne prennent pas des mesures radicales. En évoquant un coût supérieur à celui des deux guerres mondiales et à celui de la Grande Dépression de 1929, l’étude visait à montrer qu’il valait mieux, du point de vue de l’économie mondiale, agir pour le climat que rester inactif.

Un an après la signature de l’Accord de Paris, il est temps de s’interroger sur la manière de traduire ces engagements en actes. D’autant plus que la COP 22 aurait dû être celle de l’action et de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Au lieu de cela, les États sont venus pour la plupart les mains vides, les processus de financement sont restés à l’état de promesses et l’élection de Trump sonne le retour des climato-sceptiques.

La France est loin de montrer l’exemple malgré la publication de la loi relative à la transition énergétique qui manque d’ambition et de clarté dans sa mise en œuvre. Quant aux propositions législatives de la Commission européenne concernant les objectifs climat-énergie 2030, présentées le 30 novembre 2016, elles sont en régression. La dynamique pour la transition écologique reste à
construire.

Des effets positifs pour l’emploi

Les actions en faveur de la lutte contre les changements climatiques sont trop souvent perçues comme contradictoires avec les objectifs de création d’emplois et de justice sociale. Or, en France, de nombreuses études récentes ont montré l’effet positif pour l’emploi que l’on peut attendre de la mise en œuvre de politiques de transition écologique. Elles montrent que certains secteurs d’activités profitent largement de leurs dynamiques tandis que d’autres vont perdre des emplois. Reconvertir ceux en perte de vitesse, permettre aux salarié.e.s de se former et orienter les efforts de formation initiale et continue vers les secteurs porteurs est donc un enjeu central de la transition écologique juste.

Un rapport qui appelle à l’action

Compte-tenu de l’accroissement important du nombre de chômeurs, de la montée des inégalités et de la précarité sociale, l’une des priorités politiques devrait être de lutter contre les injustices sociales, de favoriser la création d’emploi et de combattre la dégradation de l’environnement dont les changements climatiques sont parmi les expressions les plus dramatiques. La création de centaines de milliers d’emplois utiles peut à la fois contribuer à répondre à des besoins sociaux et écologiques évidents et urgents, à réduire les inégalités, l’insécurité sociale et le chômage tout en atténuant au maximum la crise écologique. Ce rapport montre qu’une transition écologique riche en emplois de bonne qualité est possible et finançable : la longue liste des niches fiscales défavorables à la transition écologique et la perte de recettes due à la fraude et à l’évasion fiscale sont les gisements qu’il faut exploiter pour la financer en complément de la nécessaire reprise en main du crédit. Il met en évidence que les opérations de reconversion industrielle peuvent aboutir à autre chose que des délocalisations ou des effets agissant au détriment des salarié.e.s actuellement en poste.

Nous appelons donc dès maintenant à des investissements publics et des politiques orientant les secteurs privés et la formation vers la création d’un million d’emplois additionnels dans des secteurs que nous considérons cruciaux : énergies renouvelables, rénovation des bâtiments, auto-rénovation accompagnée, identification et accompagnement des ménages en précarité énergétique, agro-écologie, infrastructures de transport durable, recyclage, réparation et réutilisation, accompagnement des PME/TPE et des collectivités dans l’application des politiques de la transition écologique, éducation aux enjeux de la transition écologique, adaptation aux effets du réchauffement climatique, etc. De tels investissements, possibles et finançables, permettront d’accélérer la transition écologique, de l’inscrire dans les territoires, de développer des filières du futur et de créer des nouvelles activités.
Au-delà des emplois directement liés à la transition écologique, il est nécessaire de répondre aux besoins d’activités de services en lien avec la qualité de vie individuelle et collective qui sous-tend la transition écologique et qui sont génératrices d’emploi.

Notre proposition de création d’un million d’emplois net est déclinée par secteurs d’activité et mise en relation avec des besoins financiers pour créer des emplois additionnels. Cette proposition est accompagnée de 7 mesures et orientations qui la rendent opérationnelle :

  1. Créer 250 000 emplois aidés labellisés « transition écologique »
  2. Créer 100 000 emplois « transition écologique » dans le service public
  3. Investir dans les secteurs privés de la transition écologique pour créer 650 000 emplois
  4. Résoudre l’opposition entre protection du climat et perte d’emplois dans les secteurs fragilisés par une reconversion qui doit être anticipée et territorialisée et une offre de formation adaptée
  5. Assurer la qualité et la protection sociale des emplois de la transition écologique juste
  6. Lancer des changements structurels pour adapter les emplois au cadre de la transition écologique
  7. Conditionner les dispositifs de soutien au secteur privé à la création d’emplois de qualité en particulier dans des secteurs de la transition écologique Les dépenses et investissements publics et privés nécessaires pour réussir ce pari se chiffrent à 105 Md€ par an en rythme de croisière. Comme nous le démontrons dans le dernier chapitre du rapport ce n’est ni l’activité, ni l’argent qui manquent mais la volonté politique !

Le site de la campagne : http://emplois-climat.fr/.

Rapport « Un million d’emplois climat »

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Notes

[1Alofa Tuvalu, Alternatiba, Amis de la terre, Attac France, Collectif Roosevelt, Confédération paysanne, Emmaüs France, Fédération syndicale unitaire (FSU), Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), Réseau Action Climat, Union syndicale Solidaires. Avec le soutien de la Ligue des droits de l’Homme et de la Fondation Heinrich Böll Stiftung France

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