L’impact sur le climat du secteur aérien en France et dans le monde fait débat. Le secteur aérien dans son ensemble (entreprises, État, collectivités locales en charge des aéroports) considère que le pourcentage de ses émissions de gaz à effet de serre est très faible, de l’ordre de 1 à 2 % des émissions globales. Les émissions du transport aérien international sont exclues du Protocole de Kyoto, et ne sont pas explicitement mentionnées par les Nations unies dans les Accords de Paris sur le réchauffement climatique. Pour limiter cet impact, la stratégie nationale du transport aérien 2025 (SNTA), publiée en mars 2019, n’envisage à court terme qu’une croissance neutre en carbone à partir de 2020 en s’appuyant sur des mécanismes de
compensation.
Les organisations qui alertent et s’opposent au dérèglement climatique (GIEC, ONG…) ne partagent pas cette vision des choses. En premier lieu, l’empreinte carbone du secteur aérien ne se limite pas aux seules émissions de CO2 : les avions provoquent des traînées de vapeur d’eau qui ont un effet de réchauffement similaire à celui des émissions de CO2. Ainsi, l’empreinte carbone du secteur est sans doute supérieure à 5%. Si ce pourcentage est inférieur à la part d’autres secteurs, le secteur aérien doit être traité au même titre que les autres sinon à l’horizon 2050, il représentera 80 % du budget carbone de la France [1]. La SNTA 1
2025 prévoit différentes pistes pour décarboner le secteur mais, là aussi, l’impact réel et réaliste de ces solutions ne pourra se faire sentir à court ou moyen terme [2]. Dès lors, une seule solution est possible pour que le secteur diminue drastiquement son empreinte carbone : la réduction du trafic.
La crise de la COVID19 a démontré que l’arrêt du trafic était politiquement et techniquement possible. Désormais, il faut planifier une reprise progressive qui tienne compte de la nécessaire réduction du trafic. Cette planification va nécessiter une transformation ou une reconversion des entreprises et de leurs salarié·es qui ne peut être laissée dans les mains du « marché », ce qui provoquerait une catastrophe économique et sociale en particulier en région Occitanie : un beau dossier pour le nouveau haut-commissariat au Plan et à la Prospective.