Le transport est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, avec 31 % des émissions. Le transport routier de personnes et de marchandises est bien plus émetteur que le train, qui émet entre 9 et 14 fois moins de gaz à effet de serre. La défense du service public ferroviaire est donc l’un des principaux leviers pour lutter contre le dérèglement climatique et atteindre réellement la neutralité carbone. Le transport ferroviaire devrait ainsi être l’ossature d’une politique des transports qui tient compte de la crise environnementale.
Or, privilégier le train sur la route est aussi une mesure de justice sociale. Le modèle du tout routier pèse lourd dans le budget des ménages, en particulier dans les territoires ruraux quand l’absence de transports en commun contraint à posséder un voire plusieurs véhicules motorisés. Les dépenses de transports constituent 14,5 % des dépenses de consommation des particuliers. La route était aussi responsable en 2023 de 3167 décès, contre 2 décès de voyageurs en train (et 16 de piétons ou cyclistes dans des accidents de passage à niveau, ainsi que 59 accidents de personnes non-autorisées traversant des voies).
Les choix faits en termes de financement des transports ont donc des conséquences concrètes importantes pour les voyageurs et voyageuses, mais aussi pour les collectivités, l’emploi et l’aménagement du territoire.
Au moment où des choix décisifs sont faits en matière de financement des transports, le gouvernement continue à s’enferrer dans le tout routier, avec 200 projets routiers en cours, pour un coût cumulé compris entre 13 et 20 milliards d’euros d’argent public. Dans le même temps, au nom de l’austérité budgétaire, des lignes de desserte fine du territoire sont menacées de fermeture. Les services publics de transport sont notre bien commun. Leur disparition accroît la distance sociale entre les territoires et diminue l’accessibilité d’autres services publics, du travail, des loisirs.
Il est urgent de prononcer un moratoire sur les projets routiers. Nous recommandons de reporter les investissements publics de la route vers le train pour un report modal des marchandises et des personnes. Nous pouvons également rediriger les recettes engendrées par les péages des autoroutes, aujourd’hui captées par les sociétés de concessions autoroutières privées, vers des alternatives de transport, par le biais de la nationalisation des profits des autoroutes. Le financement d’un plan national ambitieux de sauvegarde et de développement du réseau ferroviaire de proximité est donc possible, nécessaire, et vertueux : en dirigeant les marchandises vers le fret ferroviaire, on dispose par exemple d’un levier pour revitaliser les lignes de desserte fine du territoire, des lignes qui sont vitales.
Nos propositions :
- Un moratoire sur les projets routiers et sur les contrats de concessions autoroutières.
- Le report des investissements publics consacrés à des projets routiers vers le système ferroviaire (voyageurs/marchandises) et les transports en commun.
- Un plan national ambitieux de sauvegarde et de développement du réseau ferroviaire de proximité.
- La nationalisation des profits des autoroutes pour investir dans les alternatives de transport.
- Un système ferroviaire unifié dans une grande entreprise publique.
- Un nouveau statut du salarié pour les travailleurs et travailleuses des entreprises de la route appelé·es à se reconvertir : droits à la formation, continuité du salaire et maintien des droits entre deux emplois et d’un emploi à l’autre.