2013, fin de la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne ? Très bien, pourrait-on se dire. Car après tout, ses dégâts sociaux, environnementaux et sur les pays du Sud ne justifient peut-être pas les 50 milliards annuels de cette politique européenne. Mais c’est vite oublier que la PAC, fondée il y a 50 ans, avait d’autres objectifs : assurer la sécurité alimentaire, la stabilité des marchés et des prix raisonnables pour les paysans comme pour les consommateurs. Pour cela, il fallait mettre en place une régulation forte des marchés au niveau européen.
À qui profite à présent son démantèlement, sur fond de libéralisation des marchés agricoles ? Aux pays exportateurs les plus riches, qui ont contraint les pays pauvres à supprimer leurs protections aux frontières, tout en versant des subventions massives à leur agriculture exportatrice. Aux multinationales, qui peuvent maintenant s’approvisionner à moindre coût. 2008 aura été marquée par la crise mondiale des prix alimentaires et les « révoltes de la faim ». L’Union européenne n’en est-elle pas une des premières responsables, elle qui se tient aux avant-postes de l’OMC, de la Banque mondiale, du FMI, chantres de la dérégulation des marchés agricoles ? Le démantèlement de la PAC est une des pièces centrales de ce jeu mortifère. Le mythe néolibéral est à bout de souffle. Il ne peut résoudre les graves crises planétaires qu’il a créées.
Refonder la PAC en faveur d’une agriculture paysanne, écologique et pourvoyeuse d’emplois et d’une alimentation de qualité pour tout le monde : ce n’est pas une utopie, c’est une nécessité, face aux crises alimentaire, écologique et économique. Des alternatives crédibles existent : elles impliquent le respect du droit de souveraineté alimentaire et une régulation internationale des échanges, basées sur la solidarité et la préservation des ressources naturelles.
Souveraineté alimentaire... Que fait l’Europe ? Attac, Gérard Choplin, Alexandra Strickner, Aurélie Trouvé (coord.) , Éditions Syllepse, Paris, mai 2009, 7€.