Succédant à Boris Johnson, discrédité par les scandales du partygate, Liz Truss ne sera restée Première ministre que 44 jours. Celle-ci a dû démissionner en catastrophe après avoir présenté un mini-budget octroyant des baisses massives d’impôts en faveur des plus riches et des entreprises.
Les marchés financiers ont sanctionné cette politique fondée sur l’économie de l’offre, selon laquelle les baisses d’impôts devaient s’autofinancer en suscitant un boom d’activité. La livre sterling s’est effondrée, tombant au plus bas niveau de son histoire fin septembre 2022. Il a fallu l’intervention de la Banque d’Angleterre, et l’annulation des baisses d’impôts promises par Liz Truss pour calmer les marchés.
Cet épisode est riche d’enseignements. En premier lieu, les marchés financiers font la loi et défont les gouvernements lorsqu’ils considèrent que ceux-ci vont dans le mur. Ensuite, la démonstration est faite à nouveau que la théorie du ruissellement, chère aux économistes de l’offre, est une illusion. Par ailleurs, on note que le nouveau premier ministre, Rishi Sunak, est un ancien banquier de la City dont la recette pour regagner la confiance des marchés, et « redresser » l’économie britannique en proie à la stagflation, est d’engager une politique d’austérité.
Une comparaison avec la France ne manque pas d’intérêt. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron s’est également engagé dans une politique de baisse des impôts en faveur des riches avec la suppression de l’ISF, et des entreprises avec la réduction de l’impôt sur les sociétés, la suppression des impôts de production...
Mais à la différence de Liz Truss, Emmanuel Macron – ancien banquier comme Rishi Sunak - a su gagner la confiance des marchés en promettant des réformes dont l’objectif est de réduire les dépenses publiques : c’est le cas de la réforme de l’assurance chômage, qui vient d’être imposée et doit entrainer des économies budgétaires ; c’est également le but de son projet réforme des retraites auquel s’oppose la majorité de la population.
Par ailleurs, utilisant l’arme du 49.3, le président Macron court-circuite le Parlement et parvient à rejeter toutes les mesures qui iraient à l’encontre des détenteurs du capital financier, telles que la taxation des profits exceptionnels et des dividendes. C’est au prix de ces dénis de démocratie qu’Emmanuel Macron s’assure le soutien des marchés !
Dominique Plihon