L’Union européenne est réputée jouer un rôle moteur dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est incontestable qu’il y a eu de véritables avancées sous l’impulsion européenne, mais il y a encore très loin entre les principes énoncés et la réalité.
Pour ne prendre que l’exemple des inégalités dans l’emploi, bien que les femmes soient plus diplômées que les hommes depuis plusieurs décennies, leur salaire horaire moyen dans l’UE est en 2022 encore inférieur de 13 % à celui des hommes, leur retraite inférieure de 40 %, leur taux d’emploi est inférieur de 10 points, elles représentent près de 80 % des personnels à temps partiel et n’occupent qu’un tiers des postes de cadres.
L’égalité femmes-hommes, inscrite dès les textes fondateurs, a été déclinée ensuite dans de nombreuses directives. Mais elle a été largement utilisée au service de la logique néolibérale. Un exemple notable concerne le temps partiel. Lorsque la flexibilisation de l’emploi est devenue un objectif essentiel, l’affichage officiel a été de « favoriser la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et entre flexibilité et sécurité ».
Aucune remise en cause de l’inégal partage des responsabilités familiales, c’est l’emploi à temps partiel qui a été présenté comme répondant au besoin de conciliation et il visait les femmes. Sa croissance, favorisée par les politiques, a été très rapide dans les décennies 1980 et 1990. Il a été une voie royale pour flexibiliser l’emploi… au bénéfice des entreprises qui renforcent ainsi la présence de main-d’œuvre lors des périodes de forte activité sans avoir à la payer le reste du temps. Mais il est responsable de la précarisation de très nombreuses femmes en Europe. Ce que la Commission a reconnu il y a peu, mais sans jamais recommander d’en réduire l’ampleur !
Aujourd’hui, l’égalité reste instrumentalisée par les politiques néolibérales. Depuis peu, le Conseil de l’UE souligne l’intérêt économique de « réduire les écarts (sic) entre les femmes et les hommes dans l’emploi pour favoriser la croissance »… alors que la crise écologique devrait imposer de remettre radicalement en question cette orientation ! En parallèle, il est recommandé d’investir dans l’accueil de la petite enfance… mais sous réserve d’« améliorer constamment le rapport coût-efficacité ». La situation est donc contrastée et son évolution reste tributaire des priorités nationales… parmi lesquelles ne figure pas l’égalité entre les femmes et les hommes.
Christiane Marty