Ralentissement du réchauffement ?

vendredi 23 mai 2014, par Jacques Cossart *

Pour une mise en perspective de cet article, on se reportera à « Les gaz à effet de serre (GES) sont-ils majoritairement de la responsabilité humaine ? »

Nature climate change, mensuel spécialisé de la revue Nature qui compte plusieurs dizaines de publications, diffuse en févier 2014 un article analysant un relatif ralentissement de l’augmentation de la température moyenne de l’atmosphère ; en 2012 la baisse s’établirait entre 0,1°C et 0,2°C. Aux quelques scientifiques qui, contre l’avis de l’immense majorité de leurs pairs, verraient là la confirmation de leur négationnisme à l’égard du réchauffement climatique et plus encore quant à ses causes qui ne seraient en rien anthropiques, il convient de rappeler que 99 % de la chaleur introduite par les GES dans le climat de la terre se portent ailleurs que dans l’atmosphère, notamment dans les océans. Mais, surtout, il convient d’être attentif à l’analyse des scientifiques qui ont conduit cette étude ; elle n’est pas accessible gratuitement ; une traduction de l’abstract est donnée ici.

« Malgré l’augmentation continue des émissions de GES dans l’atmosphère, la température moyenne mondiale de l’air terrestre est restée plus ou moins stable depuis 2001. Divers mécanismes ont été proposés pour expliquer ce ralentissement du réchauffement de surface. Un élément clé du hiatus global qui a été repéré tient à la température froide de surface du Pacifique oriental, mais il n’est pas clairement identifié comment l’océan est resté relativement froid, en dépit de l’augmentation continue du forçage radiatif [1]. Ici, nous montrons que le renforcement marqué des vents de surface du Pacifique au cours des dernières deux décennies – sans précédent au regard des observations/analyses des données et non pris en compte par les modèles climatiques – est suffisant pour expliquer le refroidissement du Pacifique tropical et un ralentissement substantiel du réchauffement de surface, accentué par le biais de l’absorption de la chaleur souterraine de l’océan. L’absorption supplémentaire est due à l’augmentation de la subduction [2] autour des îlots peu profonds du Pacifique, renforçant les effets de la thermocline [3] équatoriale. Dans le même temps, le renforcement des vents de surface a augmenté les remontées d’eaux équatoriales dans le Pacifique central et oriental, y abaissant ainsi la température de surface de la mer, ce qui entraîne un refroidissement supplémentaire dans d’autres régions. L’effet net de ces vents anormaux est un refroidissement de la température moyenne mondiale 2012 de l’air, en surface, de 0,1°C à 0,2 °C, ce qui peut expliquer en grande partie le hiatus dans le réchauffement de surface observé depuis 2001. Ce hiatus pourrait persister pendant une bonne partie de la présente décennie si les vents de surface persistent, toutefois le réchauffement rapide devrait reprendre une fois que les vents anormaux auront diminué. »

Autrement dit, rien de bien réjouissant, sauf pour les climato-sceptiques.

Notes

[1Le forçage radiatif est défini comme la différence entre l’énergie rayonnante émise par un système et celle reçue.

[2Subduction : passage d’une plaque tectonique océanique sous unes autre plaque.

[3Thermocline : transition thermique rapide entre les eaux de surface et les eaux profondes.

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