La capitalisation boursière [1] mondiale à fin 2013 s’élève, selon cette étude, à près de 62 000 milliards de dollars courants, soit le double de l’évaluation réalisé dix ans plus tôt ; pour donner une référence d’ordre de grandeur, le produit mondial est évalué (2012) par la Banque mondiale à quelque 72 000 milliards de dollars courants.
Sans surprise, on compte 11 groupes états-uniens (dont Google et Microsoft) parmi les 15 plus fortes capitalisations mondiales. La capitalisation boursière des 40 sociétés du CAC 40 français s’établissait en mars 2014 à plus de 1 600 milliards de dollars courants ; dont plus de 10 % de ce montant pour le seul groupe pétrolier Total.
L’objet de ce très court article n’est évidemment pas de fournir une analyse de l’histoire boursière. Simplement, à partir des chiffres publiés à satiété à longueur de médias, il s’agit de rappeler combien l’appellation d’« investisseurs » décernée aux acheteurs et vendeurs en bourse ne correspond guère à la qualification qui définirait leur fonction économique ; mieux vaudrait leur attribuer une dénomination correspondant à la nature de leur activité, à savoir la spéculation.
L’exemple du groupe Total illustre parfaitement combien l’activité boursière a peu à voir avec une véritable occupation de nature économique respectant l’intérêt des citoyens et leur environnement. Le groupe pétrolier, dont la capitalisation boursière au 4 mars 2014 est de 112 milliards d’euros, présente à fin décembre 2012 un total d’actifs – ceux-là mêmes supposés importer pour les « investisseurs » – d’environ 171 milliards d’euros contre 164 milliards un an plus tôt ; soit en augmentation de 4 %. Sur la période portant du 19 avril 2013 au 28 février 2014, le cours de l’action a épaissi de 32 % !
Dans son très riche « En finir avec les inégalités extrêmes, Confiscation politique et inégalités économiques », Oxfam International rappelle que 1% des individus les plus riches du monde s’octroient 46 % des richesses produites sur la planète, pendant que plus de 7 milliards doivent se contenter de ce qui reste ! On peut parier, sans grand risque de perdre, que ces quelques-uns savent « investir » en bourse ! Ils savent pertinemment aussi qu’ils seront largement récompensés, comme on le voit clairement dans la note « Les cotisations sont une ’charge’, mais pas les dividendes ? » qui met en évidence, avec le graphique 4, la croissance continue de la part des dividendes dans la valeur ajoutée ; elle a pratiquement été multipliée par 3 depuis la fin des Trente Glorieuses !