Femme ou bien homme : doit-on choisir ?

mercredi 4 avril 2018, par Marie Duru-Bellat *

Alors qu’aujourd’hui, dans les pays les plus riches de la planète, dont nous sommes, les limitations formelles et matérielles liées au sexe des personnes tendent à s’estomper, les inégalités qui subsistent peuvent apparaître comme un simple « retard » amené à se combler avec le temps, éventuellement avec quelques coups de pouce politiques. Pourtant, l’actualité convainc de manière récurrente que ce n’est pas si simple : par exemple, les femmes accèdent certes davantage à des emplois haut placés, mais il leur faut veiller à rester sexuellement attractives et de préférence gagner moins que leur partenaire.

Bref, quand les réalités semblent brouiller les frontières entre les domaines jusque-là réservés aux hommes et aux femmes, tout un ensemble de discours, de qualificatifs, de normes, tout ce qu’on appelle le symbolique n’en est que plus prégnant pour maintenir une catégorisation du monde selon le sexe [1] : les contours de l’existence, aujourd’hui comme hier, sont censés s’inscrire dans le cadre strict de la catégorisation homme/femme et de tout ce que cela suppose. Tandis que l’origine sociale ou la couleur de la peau ne sont plus considérées comme des critères légitimes pour formater toute la vie, le sexe biologique, tout aussi aléatoire, constitue une exception à cet égard. Alors que tous les événements liés au sexe biologique et la façon de vivre son corps peuvent être vécus de manière fort variée, il est difficile de s’afficher, aux yeux des autres, comme « non féminine » (et ses déclinaisons, au premier rang desquelles non maternelle) et ce n’est pas très différent pour les hommes qui seraient tentés par d’autres investissements que ceux considérés comme masculins.

Apprendre son sexe…

Par une multitude de processus informels, souvent ténus et banalisés, parfois à peine perçus, une « police du genre » est mise en place, dès l’enfance, qui vise à façonner les corps et les esprits. Concrètement, ce sont ces messages plus ou moins appuyés qui évoquent votre « féminité », depuis les innombrables « une petite fille ne fait pas ça… » jusqu’au harcèlement dont on semble découvrir aujourd’hui l’omniprésence, qu’il s’agisse d’injures ou de compliments convenus.

Tout commence dans la famille et à l’école. Mais cette socialisation sexuée est moins un apprentissage d’idées qu’un apprentissage pratique, par la répétition, sur le mode du « ça va de soi », de gestes, de réflexes, de sentiments, tant il est vrai qu’on se « socialise » par ce qu’on fait, mais aussi par ce que les situations les plus diverses vous incitent à faire, bien plus que par l’inculcation explicite de valeurs ou de normes : il suffit de s’entendre répéter au jour le jour des affirmations prescriptives telles que « c’est un truc de filles », ou « un garçon ne fait pas ça »… Ces messages sont l’archétype de « discours performatif », dotés d’une efficacité propre : du fait même que cela est dit, des processus s’enclenchent qui vont contribuer à la réalisation de ce qui est dit ; par ce type de qualificatifs qui énoncent le masculin et le féminin, on enjoint à l’enfant de devenir un garçon ou une fille conformes.

Ceci engendre un effet de préjugé, favorable ou défavorable, comme une « prophétie auto-réalisatrice » : parce qu’on croit à telle ou telle particularité objective liée au genre, on tend, souci de normalité oblige, à s’y conformer, conformité débouchant à son tour sur un effet d’auto-réalisation des croyances sur le comportement objectif. L’ombre portée des stéréotypes agit ainsi sur les conduites, à tel point qu’on parle de « menace du stéréotype ». On en observe maints exemples dans le contexte scolaire, où le fait de savoir que, vu votre groupe d’appartenance, vous êtes censé moins bien réussir telle ou telle tâche induit une pression évaluative telle que cela affaiblit vos chances d’y réussir effectivement [2]. Citons l’exemple des jeunes garçons qui réussissent mieux à un exercice lorsqu’il est présenté comme un jeu plutôt que comme un exercice de lecture, vu le stéréotype selon lequel la lecture, c’est plutôt pour les filles ; nombre d’observations symétriques sont faites chez les filles, qui réussissent mieux le même exercice quand il est présenté comme un jeu plutôt que comme un exercice de géométrie. Derrière ces comportements, il y a le souci d’apparaître conforme aux modèles stéréotypés du féminin et du masculin.

Ce souci de conformité est exacerbé dans un contexte de mixité, ce qui est le cas en milieu scolaire, et particulièrement à l’adolescence, dans un contexte d’explosion des réseaux sociaux souvent vecteur de conformisme : spécialement à cet âge, se conformer aux stéréotypes étaye la construction de l’identité, et ce pour les garçons comme pour les filles. Dans les cours de récréation comme dans les classes, les filles vont devoir laisser les garçons occuper l’espace et capter l’attention des enseignants, tandis que les garçons maintiennent une pression constante pour « tenir leur rang » et maintenir les filles « à leur place ». Au collège et au lycée, une « violence de genre » [3] s’exprime par une multitude de « violences minuscules » – des insultes, des bousculades voire des coups –, sous l’œil souvent assez passif des adultes, tant cette violence sexiste est banalisée et considérée comme normale à cet âge. Quand on peut comparer ce qui se passe dans les écoles mixtes ou non mixtes (dans les pays où les deux coexistent), on observe que les filles sont moins assurées de leurs compétences et manifestent une moindre estime de soi dans les écoles mixtes, par rapport à celles qui fréquentent des écoles non mixtes. La mixité scolaire, sur laquelle on comptait pour affaiblir les stéréotypes, n’a donc pas tenu ses promesses, au contraire, puisqu’elle semble plutôt avoir exacerbé ces derniers.

Car, de fait, quand on évalue l’identité de genre sur la base d’un questionnaire permettant le calcul d’un score de masculinité, de féminité et d’androgynie (le « Bem Sex Role Inventory »), on observe que les jeunes filles scolarisées dans un contexte mixte obtiennent un score de féminité significativement plus élevé que leurs homologues scolarisées dans un contexte non mixte [4]. La mixité renforce donc l’expression d’un soi dépendant de l’appartenance à son groupe de sexe. D’autres travaux montrent que les personnes évoluant dans des groupes de discussion se comportent de façon plus conforme aux caractéristiques typiques de leur sexe quand ce groupe est mixte que quand il ne l’est pas.

Le sentiment de son appartenance genrée s’avère donc plus ou moins prégnant, et il n’est en rien omniprésent : on ne se pense pas toujours et avant tout comme un homme ou une femme. Ceci varie selon les autres caractéristiques personnelles mises en valeur dans telle ou telle interaction (où la position sociale ou hiérarchique peut par exemple être plus prégnante), et selon les contextes : on se sent plus ou moins viril ou féminine selon les situations, notamment leur caractère mixte ou non mixte, ou encore selon que les activités où l’on est engagé sont censées être plus ou moins masculines ou féminines. Par conséquent, le sexe des personnes n’agit pas comme une propriété toujours tapie dans l’ombre, se manifestant de manière constante, mais comme une potentialité, comme une variable dépendante du contexte social – en l’occurrence, est-il nécessaire d’apparaître aux yeux des autres comme une femme ou un homme ? Loin que le masculin et le féminin soient donc des propriétés invariables attachées aux individus, c’est le social (la mixité d’un groupe, le caractère sexué d’une tâche) qui apparaît explicatif de l’émergence de différences entre les sexes, de différences de performance, d’images de soi, ou d’attitudes.

Cette identité que nous sommes enjoints de manifester et de cultiver se cale donc sur des catégories sociales « déjà là », qui existent indépendamment de nous, en l’occurrence les normes sociales du masculin et du féminin (qui décide de ce qui est « féminin » ?). Les normes de genre sont porteuses de violence, en ce qu’elles sont sous-tendues par la notion d’identité genrée, qui, comme toute assignation d’identité, constitue en elle-même une violence. Elle contraint femmes et hommes à se référer à leur sexe, avant tout, et de manière prioritaire par rapport aux autres propriétés qui pourraient être mises en avant.

La violence de l’identité sexuée

Cette contrainte est d’autant plus forte qu’il faut compter avec le succès contemporain de la notion d’identité. La modernité nous fait un devoir de nous construire une identité [5] : avec la perte d’emprise des appartenances statutaires et communautaires, lorsque la vie n’est plus cadrée par des rôles contraignants et des habitudes impensées autant que séculaires, c’est à l’individu qu’il revient de se définir comme une entité stable et clairement identifiable par les autres. Ceci exige un travail réflexif sur soi, qui est aussi une exigence morale : il faut être authentique et fidèle à ce qui serait son moi profond. Il est éprouvant, d’autant plus que la société prive les individus de l’étayage de ses institutions [6] : la famille, le monde du travail, les instances religieuses (du moins certaines d’entre elles) ne délivrent plus de prescriptions positives et explicites sur la façon de gérer sa vie. L’étayage de la nature peut prendre le relais, comme en atteste le succès d’un certain biologisme, ou de la psychologie évolutionniste, particulièrement actif quand il s’agit de définir les prétendues identités féminines et masculines, et les rôles qui en découlent.

Cette obligation de se définir conformément à son genre est caractéristique des formes que prend aujourd’hui la domination masculine. Dans les pays occidentaux où d’aucuns pourraient considérer que la domination masculine n’a plus cours, de multiples « contraintes systémiques » l’entretiennent sans qu’apparaisse souvent de manière aussi nette que dans certains autres pays la volonté de domination du groupe dominant. Les inégalités entre femmes et hommes y sont inscrites dans l’environnement quotidien, qu’il s’agisse des représentations du masculin et du féminin dans les œuvres culturelles, de la structuration du monde du travail, elle-même profondément articulée avec le fonctionnement de la famille, ou tout simplement des multiples interactions par lesquelles le genre se fabrique en pratique et en continu. Les structures institutionnelles, professionnelles et familiales rendent possibles ou impossibles certains comportements et certaines attitudes, les canalisent, et par là-même les renforcent par leur caractère répétitif. La société prévoit de multiples « rappels à l’ordre » quant à la manière dont ses membres doivent être, paraître, se comporter, et ces messages s’incarnent dans le jeu quotidien des interactions entre hommes et femmes. Analyser la domination, c’est précisément analyser comment la société organise les interactions entre ses membres, cadre les rôles et modèle les identités, sans que l’on puisse, toujours et partout, imputer aux dominants des intentions explicites de maltraiter les dominées.

La domination revêt alors une double face : non seulement la hiérarchisation entre le féminin et le masculin, mais aussi l’obligation sociale pour toute personne d’adopter le genre correspondant à son sexe perçu afin d’être socialement « intelligible ». Hiérarchie et contrainte font du système de genre un système de domination, dont le principe est de construire une différenciation à partir du sexe pour justifier et maintenir les inégalités en place.

La domination se joue précisément dans le fait de mettre en exergue certaines différences –avant tout liées à la reproduction, permettant d’ancrer le rapport femme/homme dans la nature et de convaincre, comme d’une évidence, de la portée psychologique et sociale de ces différences. Tout catégoriser en masculin/féminin permet l’exercice d’une violence qui pourra être dépouillée de ses modalités les plus brutes et se faire avant tout symbolique. Elle passe alors par des normes, des représentations ou des jugements, elle s’incarne dans des mots, des actes ou des discours performatifs qui vont donc faire advenir cela même qu’ils énoncent.

Pour que ce qui est alors une domination symbolique puisse se maintenir, il faut que dominants et dominées aient profondément intériorisé et accepté les fondements symboliques de celle-ci, ce qui constitue bel et bien une forme de violence. Il s’agit typiquement d’une violence symbolique, telle que la définissaient dans La Reproduction Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron : « tout pouvoir qui parvient à imposer des significations et à les imposer comme légitimes en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force ». Il s’agit d’une violence « qui s’exerce pour l’essentiel par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance ou, plus précisément, de la méconnaissance, de la reconnaissance ou, à la limite, du sentiment ».

La domination symbolique est et a besoin d’être constamment renforcée par tout un arrière-plan idéologique imposant la croyance en de multiples différences entre femmes et hommes –souvent présentées sous l’angle plus acceptable de la complémentarité – et justifiant ainsi la position dominante de l’homme par rapport à la femme. C’est bien le genre comme système qui est le vecteur de la domination symbolique, avec en première ligne aujourd’hui (les références mythiques et religieuses s’étant estompées) sa dimension psychologique et la notion d’identité genrée ; il s’agit à proprement parler de violence symbolique, puisque le résultat (explicitement visé ou non) de cette imposition de la croyance en des différences femmes/hommes est de faire percevoir l’ordre social de l’heure comme légitime et naturel.

Et c’est véritablement de violence qu’il faut parler. Concrètement, convaincre une petite fille de ne pas faire telle activité parce que ce n’est pas féminin, c’est une violence symbolique qu’on est en droit de désigner sous le même vocable que la violence physique, d’une part en ce qu’elle n’est pas choisie mais imposée, d’autre part en ce qu’elle engendre une limitation, des empêchements, parfois des souffrances ou une image négative de soi-même. Surtout, elle entraîne une obligation de se percevoir comme l’autre vous perçoit.

La question de ce que serait une véritable émancipation des femmes apparaît alors dans sa complexité : faut-il reconnaître, valoriser, voire revendiquer des différences entre hommes et femmes, en particulier des expériences féminines spécifiques, ou au contraire définir l’égalité comme la neutralité ou le règne de l’androgynie ?

Certaines et certains mettent en avant « l’égalité dans la différence » : on pourrait donc être égales et différentes. Mais de quelle(s) différence(s) s’agit-il ? Il est difficile de répondre à cette question par autre chose qu’une liste de stéréotypes ! Et comme il existe de multiples différences entre les êtres humains, la question reste posée de savoir dans quelle mesure ces différences se structurent selon l’appartenance à un groupe, permettant de caractériser ces groupes, voire de les opposer. En tout cas, revendiquer des « différences » est une façon de les cultiver antinomique avec la
liberté de vivre sa vie, comme une personne.

La question fondamentale est bien de savoir pourquoi ces dimensions masculin/féminin, renvoyant de fait toujours aux corps, devraient avoir tant d’importance. Car, après tout, il y a de multiples façons d’habiter son corps (ou son sexe), sans qu’il soit besoin de le catégoriser, ce qui est toujours normatif, comme masculin ou féminin et a fortiori d’étendre ces classifications à l’ensemble de la vie psychique, pour déterminer qui l’on est et ce que l’on fait dans tous les domaines…

En conclusion, alors que la notion de genre a eu un vrai pouvoir libérateur à l’origine, puisque le genre (reconnu comme social) venait se substituer au sexe (trop empreint de déterminisme biologique), on peut soutenir que si elle est toujours cruciale sur le plan scientifique, elle a, dans ses ramifications psychologiques et culturelles, nombre d’effets pervers. En particulier, elle peut en elle-même constituer un piège, en ce qu’elle reformaterait de fait les rôles et les identités sur le sexe. Même si la notion de genre reste nécessaire en termes de mobilisation (du groupe des femmes) et bien sûr de recherche, comme outil analytique, la psychologisation croissante du genre interroge, car exalter les identités de genre constitue le principal vecteur de la recomposition de la domination masculine, qui entretient ses formes symboliques et la présente sous un jour acceptable.

Qui plus est, dès lors que l’on admet que le genre et le paquet de différences qui définissent soit le masculin soit le féminin, ainsi que la complémentarité posée entre les deux sexes, sont le produit de rapports sociaux hiérarchiques, la conclusion s’impose [7] : refuser la hiérarchie, c’est aussi refuser les différences, et que du même coup la notion de genre elle-même disparaisse. L’horizon de la libération est donc l’élimination pure et simple des notions de masculin/féminin.

Il ne s’agit évidemment pas de nier l’existence de différences corporelles entre hommes et femmes ; la question est de savoir pourquoi elles devraient revêtir tant d’importance. Pourquoi en effet donner tant d’importance aux différences physiologiques et biologiques associées au rôle dans la procréation ? Car, même si ce n’est pas toujours mis clairement en avant, c’est bien le fait que les femmes soient des mères qui sous-tend la défense de l’opposition à la parité, en politique comme ailleurs. Or, il est pour le moins discutable de postuler un effet de halo, s’étendant à toutes les expériences individuelles, qui ferait de cette différence fonctionnelle entre les sexes une division ontologique irréductible. Non seulement toutes les femmes n’ont pas d’enfant, mais elles ne sont pas seules à avoir vécu la parentalité, à telle enseigne qu’il y a peut-être plus de ressemblance entre pères et mères qu’entre femmes sans enfants et mères.

Dès lors qu’on est prêt à admettre aujourd’hui que les femmes comme les hommes doivent pouvoir choisir leur vie, il est temps de laisser s’exprimer la multiplicité et la richesse des différences individuelles, en rejetant les assignations identitaires et les définitions brevetées du féminin et du masculin qui vous imposent de signifier toujours et partout – dans le langage notamment – que vous êtes un homme ou une femme et que cela est capital –, bref qui vous enjoignent d’être l’une ou bien l’autre.

Notes

[1C’est le cœur de la thèse que nous développons dans notre ouvrage « La tyrannie du genre » (Presses de Sciences Po, 2017), dont nous résumons ici l’argumentation.

[2Pour des exemples de ce phénomène, voir Marie-Christine Toczek et Delphine Martinot, Le défi éducatif ; des situations pour réussir, Paris, Colin, 2004.

[3Selon l’expression de Patricia Mercader, Annie Léchenet, Jean-Pierre Durif-Varembont et Marie-Carmen Garcia, dans Mixité et violence ordinaire au collège et au lycée, Toulouse, Eres, 2016.

[4Par exemple, voir Annick Durand-Delvigne et Marie Duru-Bellat, « Mixité scolaire et construction du genre », dans Margaret Maruani (dir.), Les nouvelles frontières de l’inégalité, Paris, la Découverte, 1998, p. 83-92.

[5Jean-Claude Kaufmann, L’invention de soi, Paris, Armand Colin, coll. « Individu et société », 2004.

[6François Dubet, Le déclin de l’institution, Paris, Seuil, 2002.

[7Christine Delphy, « Penser le genre : quels problèmes ? », dans Marie-Claude Hurtig, Michèle Kail et Hélène Rouch (dir.), Sexe et Genre, Paris, CNRS, 1991, p. 89-101.

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