Chaque année, les entreprises non financières versent 130 milliards d’euros, sous forme de dividendes aux actionnaires et d’intérêts aux prêteurs. Selon une étude de l’Université Lille I*, une partie des dividendes peut se justifier au titre du risque économique pris et une partie des intérêts paie légitimement les coûts de fonctionnement des banques. Mais 100 milliards d’euros sont versés chaque année par les entreprises aux prêteurs et actionnaires sans aucune justification économique. Ce montant représente le surcoût du capital : une rente parasitaire qui accroît de plus de 50 % le coût du capital. En période de bas taux d’intérêt, comme aujourd’hui, il s’agit principalement des dividendes excessifs offerts aux actionnaires. Au lieu de s’entêter sur le coût du travail, il serait beaucoup plus juste et efficace de réduire le surcoût du capital pour relancer notre économie. Pour cela, il faut domestiquer les marchés financiers et s’attaquer au pouvoir des actionnaires dans les entreprises. Ceci requiert une petite révolution dans trois domaines :
- mettre en place une fiscalité qui favorise le réinvestissement des profits en frappant beaucoup plus fortement les dividendes distribués aux actionnaires ;
- donner un pouvoir décisionnaire aux comités d’entreprise ;
- favoriser le développement de la finance solidaire et socialiser le système bancaire pour qu’il finance les investissements en fonction de critères économiques, sociaux et environnementaux.