SanSoudure

mardi 2 décembre 2025, par Groupe cinéma

SanSoudure, l’histoire d’un combat exemplaire pour préserver un héritage industriel et humain dans la Vallée du Gier, menacée par la désindustrialisation. SanSoudure, un film de 87 Revanchards (France – 2025, 1h35).

Né au sein d’un collectif soutenu par la Ville de Rive-de-Gier et l’ARRH (Association Ripagérienne de Recherches Historiques), SanSoudure retrace l’histoire industrielle de la vallée du Gier à travers celle de l’entreprise familiale Brunon-Vallette, fondée en 1832, devenue SFR (Société de Forgeage de Rive-de-Gier). Ce film témoigne de manière exemplaire de l’histoire d’une industrie, de ses ouvriers, et de la ville elle-même.

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Fragilisée par les fusions et acquisitions, avec des conditions de travail dégradées, une gestion erratique, la société dépose le bilan en 1983, après 160 ans d’activités. Durant les dix années suivantes, elle devient le lieu d’une lutte syndicale éclairée et ambitieuse avec la reprise de la société par ses salariés, assurant la sauvegarde de l’outil de travail et la défense du savoir-faire acquis.

Appuyé par de riches archives et des témoignages des anciens travailleurs et travailleuses de l’usine, le documentaire illustre concrètement ce que peut représenter l’autogestion à l’échelle industrielle.

Comme l’a révélé le scandale autour des cuves et des soudures de l’EPR de Flamanville dans les années 2000, la chaudronnerie souffre aujourd’hui d’une pénurie de main d’œuvre qualifiée.

SanSoudure est un film d’histoire sur la lutte syndicale (attention nostalgie !) et sur la construction d’un rapport de force avec les acteurs capitalistiques du secteur et l’État. Il fournit aussi des informations concrètes, presque comme un mode d’emploi : brevets, entretien de l’outil de travail, propriété des murs, etc.

Les services de l’État s’étaient engagés à verser une prime d’aménagement du territoire (PAT) de quatre millions de francs, mais le gouvernement socialiste n’a jamais confirmé ce soutien et l’entreprise a fermé définitivement en 1992.

Le film fait dialoguer la petite histoire avec la grande histoire industrielle et sociale.
Il ouvre ainsi une fenêtre de réflexion sur la transmission des savoir-faire, sur la pratique de la grève et sur l’organisation en coopérative. 
Il peut être le point de départ de débats fondamentaux sur la situation industrielle actuelle de la France et le rôle central des différents gouvernements qui se sont succédés, portant le constat, un peu tardif, d’une réindustrialisation du pays menée par des élites souvent déconnectées de la réalité.

C’est aussi un point de vue sincère sur la destinée des anciens bassins industriels, avec une proposition de ce à quoi pourrait ressembler le communisme – en tout cas, à l’époque, où l’appareil industriel était encore majoritairement maîtrisé par les ouvriers et ouvrières. 
Plus largement le film pose la question de l’héritage et des enjeux liés à la fin de l’industrie et à la condition de ce qui l’ont portée. 

Ce film a été proposé et défendu par le Comité Local Attac du Forez Montbrison/ Savigneux.

En savoir plus sur les 87 Revanchards, l’association qui a produit le film.
Le GREMMOS (Groupe de Recherches et d’Études sur les Mémoires du Monde Ouvrier Stéphanois) a diffusé une émission de radio sur le film.