On falling

mardi 2 décembre 2025, par Groupe cinéma

On Falling explore la solitude et l’aliénation dans les conditions précaires du travail en plateforme en suivant Aurora, préparatrice de commande. On falling, un film de Laura Carreira (Royaume-Uni, Portugal – 2024 – 1h44).

On falling est le premier film de Laura Carreira, réalisatrice portugaise installée au Royaume-Uni. Produit par la société fondée par Ken Loach, il s’inscrit clairement dans la lignée du grand cinéaste, avec une description très documentée de l’environnement dans lequel évoluent les personnages. Ici, il s’agit d’un entrepôt de distribution du type Amazon, où les salariées sont en souffrance.

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Le film est entièrement centré sur un seul personnage : Aurora, une jeune préparatrice de commande portugaise, plutôt souriante au début du film.
Les conditions de travail et de vie sont évoquées à travers son mal-être et une solitude grandissante qu’elle parvient de moins en moins à rompre.

L’absence de sens du travail est manifeste : elle est isolée, le nez collé à une « zapette », contrainte d’agir mécaniquement et de manière répétitive, sous une surveillance constante où chaque geste est chronométré. Les pauses trop courtes et les changements d’équipe empêchent toute rencontre et création de lien.

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L’isolement se prolonge hors du travail. La précarité lui impose de contrôler la moindre de ses dépenses : covoiturage, colocation... Son smartphone, prolongement possible de la zapette, intervient dans chacune de ses interactions.

Aurora est une femme et elle est immigrée comme beaucoup des exécutantes de ces plateformes. Un entretien d’embauche raté illustre la difficulté particulière des femmes à se mettre en avant pour sortir de leur condition. Plus Aurora se sent seule, plus les échanges deviennent difficiles. Au fil du film, elle s’assombrit, ses gestes se ralentissent et son impossibilité à communiquer s’accentue.

Le titre du film, On falling peut se lire comme l’annonce d’une chute, en écho à celle du jeune homme avec lequel Aurora dialogue au début du film et dont on apprendra le suicide un peu plus tard, chute que le film rend palpable et impossible à ignorer.

Cette histoire singulière ouvre un espace de discussion sur les plateformes de distribution : conditions de travail, salaires, précarité, et vie des travailleuses et travailleurs étrangeres.

Une fiction qu’on peut rapprocher de Sorry We Missed You de Ken Loach, sur la vie harassante des livreurs de colis.

Plus d’infos sur le site du distributeur du film (dossier de presse, bande-annonce et photos).