Le balai libéré, de Coline Grando, 88 min, 2023
Ce film est soutenu par Attac France.
Sortie en salles le 13 décembre 2023.

Dans les années 70, en Belgique, les nettoyeuses de l’Université Catholique de Louvain-La-Neuve se mettent en grève, « licencient leur patron  », et créent une coopérative, Le Balai libéré. L’expérience autogestionnaire durera 14 ans, jusqu’à ce que l’UCL mette en place le système des appels d’offre vers des sociétés privées qui s’interchangent depuis à intervalles réguliers.

Aujourd’hui, une cinquantaine de personnes travaille sur le campus. Elles se sentent bien plus appartenir à l’UCL qu’aux sociétés de nettoyage qui les emploient. La réalisatrice montre le travail de ces « invisibles » : la pénibilité, les postures douloureuses, les gestes répétitifs, la rapidité exigée face aux immenses surfaces des bâtiments de l’Université et la solitude et l’isolement dans lequel il s’effectue. Elle orchestre une rencontre entre ceux et celles d’hier et ceux et celles d’aujourd’hui.

Autour d’une table, étonnement et curiosité se mêlent. Les travailleuses d’aujourd’hui découvrent l’ampleur de la dégradation de leurs conditions de travail. Celles d’hier n’imaginaient certainement pas pouvoir mettre leur patron à la porte et pourtant, elles l’ont fait avec le soutien de l’UCL. «  La solidarité, c’est quelque chose qui se construit », disent d’anciens syndicalistes. La condition pour pouvoir remettre en cause un système qui nous concerne tous et toutes ?

Attac avait dès 2003 publié, sous la direction de Thomas Coutrot, un petit livre au titre évocateur : Travailleurs précaires, unissez-vous !

Si l’expérience autogestionnaire a été mise à mal par le capitalisme, on ne peut pas ignorer que les mobilisations dans le secteur du nettoyage contre les sous-traitants des multinationales, comme le Groupe Accor, ont souvent abouti, et récemment celle des « femmes de chambre » de l’hôtel Ibis des Batignolles dont la porte-parole, Rachel Keke, est aujourd’hui députée.

Ce film est un magnifique outil pour parler de la sous-traitance et de ses conséquences, toutes générations confondues.

• À propos du travail, on pourra lire le numéro 24 de la Revue Les Possibles, éditée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac
• Et à propos de l’autogestion, on pourra lire le numéro 23 de la Revue des Possibles